Sorti le 28 octobre 2011 sur PlayStation 3, Xbox 360 et PC, The Elder Scrolls V : Skyrim a la lourde tâche de succéder à Oblivion, paru cinq années auparavant. Succès critique et commercial, le jeu de Bethesda Games Studios se vend à plus de 20 millions d’exemplaires au cours de ses deux premières années d’exploitation. Encensé par les médias et les joueurs, il collecte plus de 200 récompenses de « Jeu de l’année » et s’impose comme l’un des meilleurs action-RPG des ces dix dernières années. Cinq ans jour pour jour après sa sortie, Bethesda succombe à la mode grandissante des jeux remasterisés en proposant une édition spéciale de son titre sur PlayStation 4, Xbox One et PC, accompagnée de tous les contenus téléchargeables et de mods, fortement demandés par les joueurs sur consoles de salon. Vendue au prix de 60€, cette version apporte-elle des améliorations conséquentes ou dénature-elle l’œuvre originale ?
Un voyage attendu
A l’instar de la grande majorité des éditeurs actuels, Bethesda se lance dans la remasterisation de certains de ses titres cultes sortis sur la précédente génération de consoles. En attendant l’annonce d’un très plausible The Elder Scrolls VI et l’arrivée probable d’autres jeux remasterisés au cours des prochains mois, c’est aujourd’hui le cinquième opus de la saga, Skyrim, qui revient sur le devant de la scène. La force des différents opus de la licence réside principalement dans l’ambiance et l’atmosphère qui se dégagent des divers lieux visités. A l’instar de ses prédécesseurs, Skyrim propose un univers riche et varié. Chaque personnage rencontré, chaque maison visitée, chaque contrée explorée est une source de quêtes et aventures inépuisables. Au cœur d’un Bordeciel déchiré par la guerre civile, le joueur, qui s’avère être en réalité un « enfant de dragon », doit non seulement combattre ces derniers mais également tenter de rétablir la paix dans une province minée par d’incessants conflits. La trame principale est d’ailleurs intéressante à suivre et permet au joueur d’explorer des environnements variés et vivants.
De Blancherive, première ville découverte, à Solitude, capitale de Bordeciel, en passant par Faillaise, siège de la guilde des voleurs, les décors traversés regorgent de quêtes à effectuer et de secrets à découvrir. Si les graphismes sont légèrement retouchés, notamment des effets de lumière plus travaillés et agréables à l’œil, les animations faciales des personnages sont totalement ratées. Aucune émotion ne se dégage de leurs visages stoïques et figés, d’autant plus que les enfants ont tous la même tête et le même comportement. Les mouvements labiaux, quant à eux, ne correspondent pas toujours au texte, si bien qu’il est fréquent qu’un personnage parle sans que ses lèves ne bougent. Des défauts d’autant plus regrettables que les dialogues sont de grande qualité. Les développeurs ont, en effet, eu recours à plus de 70 doubleurs pour interpréter les 47 000 lignes de dialogue présentes dans le jeu. Les échanges avec les différents personnages rencontrés sont riches, longs et permettent d’en apprendre davantage sur la ville et la région explorée.
Le système d’éloquence permettant de choisir entre la persuasion, le mensonge ou le pot-de-vin pour régler les conflits est bien mis en œuvre. De plus, la bande originale, signée du compositeur Jeremy Soule, déjà en charge des opus Morrowind et Oblivion, est d’excellente facture avec des musiques épiques collant parfaitement à l’action. Le gameplay s’avère, quant à lui, dans la droite lignée des précédents opus de la série. Gestion d’inventaire, achats et ventes d’objets, magie… le tout reste très classique. Le système de compétences mis en place est relativement bien équilibré, avec des points de progression à répartir entre la magie, la santé et la vigueur. Si les amateurs d’action-RPG retrouvent rapidement leurs marques, l’interface épurée permet également aux novices de ne pas être perdus dans des menus parfois encombrés dont ils ne sont pas forcément coutumiers. Comme dans de très nombreux RPG, Skyrim impose de passer du temps à gérer son inventaire et à choisir avec parcimonie les atouts à améliorer. Mais les fastidieuses minutes passées dans les menus ne sont rien en comparaison des longues heures d’exploration et d’action que s’apprête à vivre le joueur dans l‘immensité de Bordeciel.
Vous ne passerez pas !
La durée de vie est effectivement l’un des points forts de Skyrim. Si la quête principale propose un nombre de missions défini, les quêtes secondaires s’avèrent, quant à elles, infinies, le titre générant un système aléatoire basé sur le progrès du joueur dans l’histoire. Atteindre le niveau 81, rang le plus élevé du jeu, et débloquer toutes les compétences demande ainsi énormément de temps et d’investissement. Grottes, donjons, villages et autres villes… plus d’une centaine de lieux sont à visiter au sein d’une carte qui ne paraît pas grande vis-à-vis d’autres mondes ouverts mais où il y a toujours quelque chose à faire et à découvrir.
Cette durée de vie colossale est encore rallongée grâce aux contenus téléchargeables inclus dans cette version. A la différence de nombreux autres titres, ils font ici partie intégrante du jeu. Le joueur peut ainsi acheter une demeure et adopter un enfant dès son arrivée à Blancherive à condition de posséder l’argent et le niveau requis, à savoir 5000 pièces d’or en étant rang 10. Les diverses maisons acquises peuvent ainsi être décorées en y ajoutant du mobilier, une cuisine... un choix doit cependant être fait entre l’ajout d’un laboratoire alchimique et une chambre d’enfant. Au joueur de décider s’il préfère que son enfant dorme dans un lit ou si la construction d’un magnifique atelier flambant neuf lui semble prioritaire.
Cette extension, nommée Hearthfire, n’apporte cependant aucune nouvelle quête, contrairement aux deux autres, Dawnguard, centrée sur l’affrontement entre la Garde de l’Aube et le seigneur vampire Harkon ; et Dragonborn, dont l’action se situe sur l’île de Solstheim, l’île principale de Morrowind. Dawnguard se montre agréable à jouer, offrant notamment la possibilité de rejoindre les rangs des vampires tandis que Dragonborn se révèle être le contenu le plus long et intéressant à parcourir, l’île regorgeant de secrets. Il s’avère néanmoins regrettable que la progression soit entachée de temps de chargement très fréquents, l’entrée dans un bâtiment ou un voyage rapide demandant une dizaine de secondes de patience. Les allers/retours incessants du joueur sont ainsi entrecoupés de pauses qui deviennent vite déplaisantes. En outre, le jeu souffre toujours de nombreux bugs, malheureusement non corrigés en l’espace de cinq ans. Si certains peuvent prêter à sourire, d’autres se révèlent terriblement handicapants. Pour peu que le joueur décide de partir à l’aventure accompagné d’un comparse recruté auparavant, il n’est pas rare que celui-ci se retrouve bloqué devant une porte pourtant grande ouverte ou reste figé en plein milieu de l’action. Les bugs de collisions sont nombreux, les soldats fonçant droit dans le mur, ayant leurs pieds coincés dans le sol ou bien encore étant assis dans le vide.
Ces exemples sont fréquents, et ce sans compter les bugs graphiques ou d’affichage avec notamment une végétation régulièrement suspendue dans les airs. Dans ces conditions, il devient alors difficile de récolter des ingrédients pour confectionner ses potions. Cela peut avoir un impact considérable et résulte d’un manque de finition navrant et inacceptable pour un remaster vendu plein pot, couplé à une intelligence artificielle désastreuse. Les ennemis ne repérant quasiment jamais le joueur, il s’avère relativement aisé de jouer la carte de l’infiltration. Voler des objets ou déverrouiller des coffres à la vue des gardes ne pose aucun problème, même en augmentant la difficulté. Le constat est similaire pour les alliés. En plus d’être totalement inutiles sur le champ de bataille, ils gênent régulièrement le joueur en se plaçant devant lui en pleine escarmouche. Si les contenus téléchargeables s’avèrent être des extensions de qualité, les mods, réclamés depuis de nombreuses années par les joueurs consoles, sont l’une des déceptions de cette édition. Bethesda, longtemps hostile à l’idée que les mods de ses jeux puissent être portés sur consoles, accepte finalement d’inclure ces derniers tout en veillant drastiquement à leurs contenus. Seuls certains d’entre eux, triés sur le volet, sont ainsi présents dans ce remaster. Pour pouvoir les télécharger, il faut au préalable posséder un compte Bethesda. De plus, les divers mods installés ne peuvent excéder les 5 Go, une aberration quand on voit le poids du jeu de base qui s’élève à 30 Go, patchs compris. Une décision surprenante et incompréhensible pour un jeu remasterisé vendu la bagatelle de 60€, ce qui en fait logiquement le plus cher de l’année 2016.
L’avis perso de Number One // J’en attendais plus ! N’ayant pas joué à The Elder Scrolls V : Skyrim sur la précédente génération de consoles, j’étais curieux et impatient de découvrir cette édition incluant contenus téléchargeables et mods d’un des meilleurs action-RPG de ces dernières années. Globalement, le jeu possède de nombreux points forts et Bordeciel s’avère très plaisant à parcourir. Je regrette néanmoins que Bethesda n’ait pas mis tous les atouts de son côté pour nous proposer une édition d’exception qui aurait pu être le meilleur jeu remasterisé d’une année 2016 marquée par le nombre hallucinant de sorties de ces derniers. Malheureusement, en limitant le nombre de mods disponibles sur consoles et en vendant cette version au prix fort, l’éditeur s’est tiré une balle dans le pied et devra faire face à la rude concurrence des autres remasters sortant sur la même période. Si j’ai, dans l’ensemble, apprécié mon aventure au sein de l’univers The Elder Scrolls, j’en sors cependant un peu déçu. Il y avait tellement mieux à faire. |
Critique rédigée par Number One - Membre XG+
Point completSans dénaturer l’œuvre originale, The Elder Scrolls V : Skyrim Special Edition n’apporte pas un nombre suffisant d’améliorations pour se prévaloir d’être le remaster de cette année 2016. Hormis certaines retouches graphiques et l’ajout des trois contenus téléchargeables, cette édition ne comporte aucune nouveauté conséquente. Les mods, qui auraient dû apporter un vrai plus, se révèlent au contraire l’une des grandes déceptions de cette version, en raison du choix de Bethesda de limiter leur nombre et leur place. Cinq ans après sa sortie, il est également regrettable que les défauts entrevus à l’époque n’aient pas été corrigés. Animations faciales ratées, intelligence artificielle catastrophique, temps de chargement très fréquents et nombreux bugs sont malheureusement toujours présents. Certes, Bordeciel reste plaisant à parcourir mais un goût d’inachevé domine au terme de ce long périple dans l’univers The Elder Scrolls. L’achat de cette version reste fortement déconseillé aux joueurs ayant terminé le titre sur Xbox 360, la présence des contenus téléchargeables et de certains mods ne justifiant absolument pas de débourser les 60€ requis. Ceux n’y ayant jamais joué pourront, quant à eux, se laisser tenter même si l’attente d’une baisse de prix drastique est recommandée (nous pouvons déjà trouver la version boîte à une quarantaine d’euros dans le commerce par exemple).
On a adoré :
Monde ouvert gigantesque
Scénario intéressant
Effets de lumière agréables
Bande-son d’excellente facture
Durée de vie colossale
Gameplay bien calibré
Contenus téléchargeables intéressants
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On n'a pas aimé :
Prix excessif
Animations faciales des persos ratées
IA alliée et ennemie catastrophique
Temps de chargement fréquents
Nombreux bugs graphiques et de collisions
Nombre de mods restreint
Place limitée pour l’installation des mods
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