Il y a déjà vingt ans arrivait sur nos PlayStation 2 le jeu Gungrave, développé à l’époque par les Japonais de Red Entertainment avec aux commandes Yasuhiro Nightow (le mangaka de Trigun !) et édité par Sega. Ce premier titre, un shooter effréné à la troisième personne en mode beat’em up, nous permettait de découvrir pour la première fois Brandon Heat. Cet anti-héros, un mafieux déchu revenu d’entre les morts dans la peau de Grave est là pour se venger de ses anciens alliés responsables de son assassinat et nettoyer la ville du SEED, une drogue expérimentale qui fait des ravages ! En 2003, le titre sera même adapté dans un anime qui racontera notamment l’histoire de Brandon treize ans en arrière, puis il recevra ensuite une suite vidéoludique avec Gungrave : Overdose en 2004 ! Rassurez-vous, pour profiter comme il se doit de ce nouvel opus, nul besoin d’être familier avec ces titres désormais relayés aux ludothèques de quelques fans de jeux rétros !
Gunslinger Of Resurrection
Gungrave G.O.R.E. (pour Gunslinger Of REsurrection) offre une toute nouvelle histoire, un nouveau casting de personnages et de nouveaux antagonistes. Dans cette version 2022, maintenant développée par le studio sud-coréen IGGYMOB, Grave est bien entendu de retour, accompagné de son équipe El Arcangel, pour une fois encore arrêter la distribution du SEED, l’étrange drogue extraterrestre qui provoque de terribles dégâts. Le titre vous propose néanmoins une petite vidéo récapitulative des événements des deux premiers opus, ce qui fera une très bonne introduction pour tous les joueurs n’ayant jamais entendu parler de Gungrave. Et ils risquent d’être nombreux, dans la mesure où le jeu est proposé dès sa sortie dans le Xbox Game Pass, ce qui pourrait permettre aux curieux de s’y intéresser de plus près ! Quoi qu’il en soit, rassurez-vous, même si vous vous lancez dans cette aventure les yeux fermés, le scénario est surtout un prétexte pour tirer sur tout ce qui bouge et démembrer un maximum d’ennemis, le tout sans réfléchir une seule seconde. Dans cet aspect, Gungrave n’a tout simplement pas changé du tout même après vingt ans.
Vous reprendrez bien une petite dose de plomb ?
S’il y a bien un point qui ne restera clairement pas dans la mémoire des joueurs après avoir joué à Gungrave Gore, c’est son écriture ! Le jeu n’est pas franchement là pour raconter une histoire et faire dans la dentelle, la preuve par l’adage « Kick Their Ass » qui apparaît à l’écran à chaque début de niveau ! Un seul objectif : avancer en tuant littéralement tout ce qui bouge. Le gameplay n’a pas changé en vingt ans et, sur une trentaine de missions, il vous invite bêtement à nettoyer des dizaines de couloirs de tous leurs occupants. Une proposition très old school dans son approche et qui se montrera très certainement un peu déroutante pour les néophytes du genre dans les premiers niveaux. Malgré sa simplicité et son absence totale de subtilité, en lui laissant sa chance, ce gameplay devient presque un petit plaisir coupable qui donne envie d’enchaîner encore et encore un dernier niveau. Armé du Cerberus, son célèbre équipement composé de deux pistolets, et de Mort Certaine, un énorme fusil/canon ressemblant étrangement à un cercueil et porté à même le dos, Grave déchaîne une tempête de plomb sur les mafieux et les mutants gorgés de SEED qui composent le bestiaire ennemi !
En pressant la gâchette de droite, vous déclenchez une rafale de quatre balles qui iront automatiquement se loger dans l’adversaire le plus proche. La touche B viendra elle provoquer une attaque au corps à corps qui permet de repousser les ennemis, de détruire les boucliers et même de renvoyer les roquettes adverses ! Pour rester en vie, il faudra tirer tout en restant mobile, et Grave est capable de sauter et de bondir pour esquiver, des mouvements rapidement indispensables pour éviter les balles adverses et ainsi reconstituer le bouclier qui protège votre santé.
En plus de ces aspects basiques du gameplay, le jeu permet aussi de déclencher une exécution sur les ennemis étourdis par vos attaques, action qui rapporte un peu de bouclier et des points de score artistique qui seront bien utiles pour aller chercher la meilleure note sur chaque mission. Il est aussi possible pour Grave de lancer un Tir de Démolition, une attaque spéciale dévastatrice. Il en existe plusieurs et vous pouvez en assigner quatre à utiliser en combat.
Comme des mauvaises herbes
Votre arsenal, vous allez en user et en abuser, tellement les vagues d’ennemis que le jeu vous invite à décimer sont importantes. Un petit reproche néanmoins envers ces derniers qui tournent rapidement en rond. Le bestiaire est plutôt varié mais vous aurez rapidement vu tous les types d’ennemis que vous affronterez dans le jeu, ce qui rend l’ensemble un peu répétitif sur la longueur. Vous trouverez bien entendu les basiques ennemis armés de mitrailleuses ou de lance-roquettes, mais aussi des bidasses adeptes du combat rapproché, certains se cachant derrière un bouclier qu’il faudra au préalable détruire d’une habile attaque au corps à corps. D’autres encore feront usage de grenades ou même d’un gaz lacrymogène qui vous empêchera d’utiliser la visée automatique. Drones, robots et mutants sont aussi de la partie ainsi que de nombreux boss de taille généreuse, qu’il faudra parfois combattre de manière stratégique pour exploiter leurs points faibles. Dommage que le gameplay lourdaud et archaïque du titre et ses animations plutôt datées n’aident pas à rendre ces affrontements fluides. En effet, il vous faudra souvent utiliser l’option de roulade pour esquiver les attaques parfois dévastatrices de ces boss, mais avec une lourdeur générale dans le maniement de notre héros et des hitbox pas toujours très précises, ces phases peuvent devenir particulièrement frustrantes, surtout si vous jouez dans les difficultés élevées ou si vous cherchez à obtenir la note maximale dans chaque niveau !
Avec un modèle physique daté, venir à bout de tous ces mafieux, mutants et autres horreurs, n’est donc pas une mince affaire. Il n’est d’ailleurs pas exclu que pendant la quinzaine d’heures qu’il vous faut pour compléter la trentaine de missions que propose le jeu, il vous faille un peu de glace pour soigner la tendinite qui s’installera très rapidement dans votre index droit. En effet, Grave tire des rafales de quatre balles et n’a jamais besoin de recharger son arme, mais vous ne pouvez malgré tout pas rester appuyé sur la gâchette pour enchaîner les tirs. Autant vous dire que pour abattre les centaines d’ennemis qui peuplent chaque niveau, cette pauvre gâchette va physiquement souffrir, et vous aussi. Si vous ne vivez pas seul, attendez-vous aussi à entendre les gémissements de douleur de vos proches après quelques minutes ininterrompues de clac-clac-clac émis par votre manette ! Bien qu’il ne soit pas possible d’activer une option de tir automatique en maintenant la gâchette enfoncée, vous pouvez essayer d’atténuer le problème en passant par le labo du jeu qui vous permet aussi d’améliorer toutes les capacités de Grave et notamment la portée et les dégâts infligés par vos balles. Vous pourrez aussi y acquérir de nouveaux combos d’attaque, ou encore de nouveaux Tirs de Démolition pour être toujours plus efficace et toujours plus stylé lors des combats.
Du style mais peu de substance
S’il y a bien une chose que Gungrave parvient à faire parfaitement, c’est être stylé ! Pas étonnant, puisque Ikumi Nakamura, qui a travaillé notamment sur Okami ou Bayonetta, a retravaillé le personnage de Grave pour cet opus ! La direction artistique est très réussie, même si elle accuse visuellement une génération de retard (la faute probablement aux reports successifs du titre) et ne plaira pas à tout le monde. Grave, notre héros, est très stylisé, fidèle à la franchise, et son petit côté gothique edgy qui ne décroche jamais un mot le rendrait presque attachant. Les animations, bien qu’elles ne soient pas particulièrement fluides comme exposé précédemment, ont au moins le mérite d’être particulièrement cool, comme si elles étaient tirées directement d’un anime bien nerveux ! On ne se lasse pas de tester les différentes attaques ultimes ou de tournoyer sur soi-même en envoyant voler les balles sur tous les ennemis qui nous entourent !
Malheureusement, comme dans la majorité des jeux du genre, les environnements avec leur côté couloir sont globalement un peu vides. Leur qualité graphique et notamment les textures assez pauvres n’invitent pas à la contemplation, et on ne s’y attarde de toute façon pas outre mesure, chaque niveau étant un simple enchaînement de quelques couloirs puis d’une zone un peu plus ouverte. Le jeu ne propose par ailleurs aucun objet à collectionner ou secrets à trouver, ni même de choix multiples dans le chemin à suivre sur la carte. Même s’ils arrivent à proposer un peu de variété (villes, labos, usines, jungles, trains…) et à nous faire voyager dans l’Asie du Sud-Est, ils sont comme le scénario, un simple prétexte pour balancer du plomb.
A noter que malgré son retard graphique, le jeu propose tout de même deux modes visuels distincts. Le mode par défaut mise sur un framerate à 60 images par seconde, le second sur le ray-tracing et 30 images par seconde. Le choix entre les deux est très simple, le jeu ne proposant tout simplement pas une expérience suffisamment fluide pour être vraiment supportable en 30 images par seconde. Le mode performance est donc un indispensable et il se montre qualitatif, sans ralentissement, même en présence de très nombreux ennemis. Parfait pour continuer à tirer sans interruption !
Point completGungrave G.O.R.E n’est clairement pas un jeu pour tout le monde. Avec une approche résolument rétro, le titre cherche à reproduire le feeling de ses prédécesseurs sortis il y a 20 ans, quitte à proposer des standards d’un autre temps. En construisant sur ces bases, le jeu parvient tout de même à offrir de bons moments grâce à un gameplay décomplexé parfaitement assumé. Même si ce côté archaïque et résolument abrutissant risque de repousser immédiatement bon nombre de joueurs, on se prend malgré tout rapidement au jeu du nettoyage de couloirs et le titre arrive presque à devenir un petit plaisir coupable. Très loin d’être parfait, sa présence à sa sortie dans le Game Pass mérite néanmoins que vous vous y intéressiez, si ce n’est juste pour le petit shot de nostalgie que Gungrave G.O.R.E procure !
On a adoré :
Retour d’une licence oubliée
Gameplay sans prise de tête
Vrai plaisir coupable
Durée de vie honnête
Direction artistique stylisée
Vrai aspect nostalgie… |
On n'a pas aimé :
Qui va avec un gameplay archaïque
Enchaînement sans fin de couloirs
Scénario anecdotique
Déplacements lourdauds
Graphiquement en retard
Gameplay sans profondeur
Très répétitif
Des phases frustrantes (plateforme, boss)
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