Duke Nukem Forever
est une légende du jeu vidéo. Un titre qui a pris plus d’une décennie à voir le jour, il faut avouer que ce n’est pas courant. Lorsqu’en plus il a changé plusieurs fois de moteur, de supports et de scénario, il devient carrément un mythe. Pourtant, le voilà le retour du roi. Le jeu développé principalement par
3D Realms, terminé par
Tryptich et porté par
Gearbox Software, débarque donc sur nos consoles avec en bonus un mode multijoueur conçu par les créateurs de
Borderlands
et Brothers in Arms. Le titre parvient-il à remonter Duke au rang de roi des FPS ?
Le roi est mort, vive le roi !
Il faut bien l’admettre, il est difficile d’expliquer ce qu’est exactement
Duke Nukem Forever
sans parler en long et en large de son développement chaotique, les qualités et défauts du titre étant entièrement liés aux changements d’orientation du soft. Pour en revenir au tout début de l’histoire,
3D Realms, qui avait connu un franc succès en développant plusieurs FPS aux débuts du genre, avait pour ambition de développer le meilleur FPS de tous les temps après la sortie de Zero Hour sur Nintendo 64. Lorsque le titre est apparu pour la première fois en vidéo, il n’a pas vraiment fait grand bruit, et pour cause puisqu’il souffrait déjà d’un certain retard technique par rapport à la concurrence. Après un gros changement de moteur graphique et de style, Forever était de retour sur PC avec une esthétique très sale. Le trailer dévoilé en 2001 demeure à l’heure actuelle un monument du jeu vidéo à lui seul puisqu’il dévoilait à l’époque une variété de décors, actions et créatures assez impressionnante. S’il était sorti à l’époque, DNF aurait sans doute fait grand bruit. Pourtant, ce qui étonne, c’est que le jeu n’a plus grand-chose à voir avec ce modèle de 2001. Il était question de zombies, de monstres, de conduite de véhicules en ville et d’aider les civils. Le jeu avait l’air vraiment ambitieux pour l’époque et
3D Realms a sans doute choisi de tout recommencer à zéro lorsqu’il en a développé la nouvelle version.
Le problème, c’est que le jeu n’a jamais été fini, que
3D Realms a repiqué des morceaux des anciennes versions et les a portés de moteur en moteur, et que lors de la fermeture des locaux, DNF n’était qu’un squelette mal articulé que Tryptich, un petit studio formé par les anciens de 3D Realms et épaulé par Gearbox, a tenté tant bien que mal de boucler. Et cela se sent puisque le lien entre chaque chapitre est parfois absurde. On passe d’un combat au sein de Las Vegas à un rêve du Duke dans un bar avant de renfiler avec une phase en hélicoptère et une phase dans le désert, de grosses ellipses étant présentes tout au long de l’aventure. On ne sait pas trop ce qu’on suit, ce qu’on essaye de faire ni qui on affronte. La trame scénaristique est absolument médiocre, avec un boss de fin qu’on ne voit pas venir et dont on se demande après coup si c’était vraiment « ça » le boss de fin de DNF ? Sans compter la dernière cinématique qui démontre à elle seule le manque de talent total des scénaristes du jeu (si toutefois il y en avait). Malgré tout, l’univers est respecté, Duke lâche des vannes parfois assez drôles et peut interagir avec plein d’éléments, mais le soft manque véritablement de profondeur. Quand commence réellement le jeu ? Qui affronte-t-on ? Qui sont ces généraux qui nous parlent ? Quid des personnages secondaires ? On n’en rencontre déjà pas beaucoup, mais en plus ils sont très peu développés et même Duke semble se contrefoutre de leur sort.
Et puis où est l’esprit Duke ? Le king qui doit sauver l’humanité, sauver les babes des affreux porcs policiers (qui n’ont plus grand-chose de policier) ? C’est bien simple, on ne sauve pratiquement personne et le jeu fait fi de tout scénario, ce qui est bien dommage et très préjudiciable dans la mesure où tous les non fans se ficheront éperdument de l’aventure solo qui ressemble plus à un assemblage de quelques niveaux qu’à une véritable histoire. Après, comme nous l’avons déjà dit, le fan service est là. Duke a sa voix bien mature, il peut interagir avec des tas d’objets, repeindre les murs d’une salle de bain avec du caca, pisser aux toilettes, faire chauffer des pop-corns et boire des bières pour être plus résistant aux balles. Le soft tire d’ailleurs pas mal de sa richesse dans toutes ces possibilités, puisque vous pouvez vraiment découvrir des tas de bonus et même jouer à du air hockey et à divers jeux dans des salles d’arcade. Des petits plus qui permettent de flâner entre deux boucheries. Pour le reste,
Duke Nukem Forever
demeure un FPS très varié : on a des phases de shoot, de l’exploration, du rail shooting, de la plate-forme, des phases de course à bord de véhicules et des combats de boss. Certaines séquences de jeu sont vraiment excellentes, principalement des combats de boss, des séquences en voiture et quelques passages plutôt funs où il est question d’être minuscule et d’affronter un ennemi gigantesque ; ou au contraire d’écraser ses ennemis d’un coup de pied.
Bon dans le fond, mais pas dans la forme
A côté de cela, il y a des séquences pénibles, comme les phases de plates-formes ou les niveaux au level design mal foutu où on enchaîne des longues balades ennuyeuses et des combats en arènes. Cela dit, cela a le mérite de nous faire voir du pays, et ce n’est pas plus mal d’un certain côté. On regrette juste que le jeu ne soit finalement pas plus ambitieux qu’il ne l’est, les séquences étant variées mais ne mettant en scène finalement que quelques ennemis et demeurant très limitées. DNF est en fait un bête FPS à couloirs avec cependant tout l’univers du Duke qui remonte le niveau avec pas mal de gore, de maturité, un humour toujours assez fun et des doublages et musiques au top. Le tout parvient même à nous tenir en haleine entre 8 et 10 heures, voire un peu plus si vous jouez en difficile et prenez votre temps. Une fois le mode solo terminé, vous débloquerez plein de bonus qui permettent d’en apprendre plus sur le développement du jeu. Vous pourrez aussi découvrir le mode multijoueur du titre, qui n’est malheureusement pas très folichon puisqu’il est extrêmement classique, avec de gros lags, de gros temps de chargement (comme en solo d’ailleurs) et un gameplay archi bourrin qui se prête finalement assez mal aux combats en équipe.
Bref, on découvre le mode multi en quelques parties, et on n’y revient guère à moins de ne pas être très exigeant… Enfin, en ce qui concerne la réalisation technique,
Duke Nukem Forever
accuse bien entendu le poids des années. Les animations sont tout simplement immondes et bugguées au possible. Les textures sont laides et grossières, et le « flou » des versions console rend le jeu plus moche que sur PC. Quant aux graphismes en eux-mêmes, ils ne sont guère fameux. Certes, on a vu pire sur consoles HD, mais disons qu’en matière de FPS, ils se situent tout de même dans le bas du panier, sans atteindre le fond du sac. A défaut d’être beau, DNF aurait pu être génial, mais il n’est finalement ni l’un ni l’autre. Le dernier jeu de
3D Realms (en quelques sortes) n’est finalement qu’un FPS banal avec quelques passages plutôt funs et un univers assez riche mais très mal exploité narrativement parlant. Dommage, car le Duke méritait clairement un tout autre hommage ! En l’état, seul le fan service est vraiment assuré.
Point completIl aura donc fallu attendre toutes ces années pour un FPS plus que moyen qui n’a finalement pas grand-chose à faire valoir en dehors de son fan service et de sa diversité. Si
Duke Nukem Forever n’est pas le méga hit que certains d’entre nous attendaient, il n’en demeure pas moins un FPS sympathique, avec des séquences de jeu parfois très fun, un esprit mature, un humour bien présent, du gore, de la nudité et des tas d’interactions. En plus d’être varié, le jeu a le mérite d’avoir une durée de vie honnête (8 à 10 heures), ce qui n’est pas mal du tout à l’heure actuelle. Dommage tout de même que l’on sente que le titre a été remanié de nombreuses fois et que les chapitres soient aussi hachés, avec des gros problèmes de rythme à la clé, des séquences de jeu complètement ratées, un multijoueur vraiment plat, une réalisation graphique qui a beaucoup de mal à sortir du lot, bien que demeurant correcte, et, cerise sur le gâteau, un scénario bas de gamme et une fin médiocre, sans doute liés aux nombreux changements d’orientation du titre depuis son annonce. Bref, pour un soft qui a changé plusieurs fois de moteur graphique, ce n’est pas trop mal, mais ne vous attendez pas au jeu du siècle. DNF offre un beau fan service et pas mal de fun mais souffre indubitablement du poids des années… Mieux vaut donc se le procurer à petit prix !
On a adoré :
+ Des passages fun
+ Durée de vie correcte
+ Les interactions
+ Gore et mature
+ L’esprit de la série
+ L’humour
+ Décors variés
+ Séquences variées
+ Musiques et doublages
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On n'a pas aimé :
- Scénario bas de gamme
- Fin médiocre
- Graphismes dépassés
- Animations ratées
- Multijoueur bateau
- Quelques séquences ratées
- Les temps de chargement
- Gros problèmes de rythme
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