En fin d’année dernière, Sega a essayé d’amener la licence Sonic vers un tout nouvel horion, celui du monde ouvert. Certes, Sonic Frontiers conservait un système avec des niveaux plus traditionnels accessibles via des points particuliers mais il avait le mérite de bousculer les codes de la licence en offrant au hérisson bleu l’espace nécessaire pour exprimer sa vitesse. Cette année, à défaut de poursuivre dans cette voie, la firme nippone propose une expérience plus traditionnelle du nom de Sonic Superstars. Un projet qui fait la part belle aux niveaux en 2.5D (progression en 2D avec des éléments en 3D) reprenant une recette plus classique, tout en y ajoutant du multijoueur jusqu’à quatre et des pouvoirs. Moins de temps, un plus petit budget, un titre proposé à 59,99€ tout de même (ou 69,99€ avec des bonus numériques dont un artbook et un pack LEGO), Sonic Superstars vient-il ravir les fans de la licence ou tente-t-il surtout de leur soutirer des sous en attendant le prochain gros projet ? Réponse avec cette critique basée sur une version physique Xbox du jeu reçue de l’éditeur avec un kit de presse.
Dès son annonce en juin dernier, Sonic Superstars a surtout été présenté comme un jeu, certes pensé pour le solo avec son aventure traditionnelle, mais également pour le multijoueur. En dehors de l’histoire à parcourir en coopération, il y a un mode « Combat » qui a été ajouté. On va commencer par celui-ci tant il semble avoir été ajouté en l’état histoire de cocher une case du cahier des charges. Concrètement, celui-ci est disponible en ligne (on crée ou on rejoint une partie) ou en local. En ligne, le matchmaking a souvent été long et a peu souvent abouti. Nous ne pensons pas à un problème de code mais plutôt à une désertion logique dudit mode. Nous avons donc pratiqué principalement en local. Concrètement, il s’agit d’un enchaînement de trois épreuves pour déterminer lequel sera le meilleur. Il peut y avoir de la collecte d’étoiles, le devoir de terminer un passage le plus vite possible, de survivre dans le niveau malgré la disparition de plateformes ou encore d’éliminer les adversaires avec une décharge électrique. Au lieu d’incarner les personnages de la licence, on contrôle un petit robot. Non seulement on perd en charme mais en plus les jeux ne sont pas bien fun. Une fois que l’on a passé trois ou quatre parties, généralement, on n’y revient plus. Certes, il est possible de personnaliser son robot à l’aide des pièces Sonic récoltées durant l’aventure principale pour lui modifier son torse, sa tête (pour récupérer celles des héros en version métallique par exemple), etc., mais l’intérêt est moindre. Jouer avec les bots n’est pas bien amusant non plus et, à deux, le partage de l’écran est loin d’être optimal, gâchant la visibilité. Les développeurs n’ont pas divisé la totalité de l’écran en deux, non, ils ont intégré deus cadres qui ne couvrent même pas les trois quarts de l’écran. Bref, aussi vite joué, aussi vite oublié.
Les amatrices et les amateurs de challenge pourront toujours opter pour le Contre-la-montre, une épreuve classique mais toujours aussi intéressante pour se mettre au défi soi-même, tenter de se surpasser ou tout simplement exprimer son ego en balançant ses temps aux yeux des proches. Les deux modes annexes vus, il est temps de s’intéresser au gros morceau, à savoir l’Histoire principale. Dans un premier temps, on peut choisir de la parcourir avec Sonic, Tails, Knuckles et/ou Amy. Une fois l’histoire terminée, un cinquième personnage s’ajoute à la liste (nous vous laissons le soin de découvrir lequel mais sachez qu’il s’agit d’une sorte de version améliorée de Knuckles qui se met en boule, s’accroche aux parois pour les remonter et profite en prime d’un double saut). Nous disons bien « et/ou » puisque l’aventure peut aussi bien se jouer en solo qu’à deux, trois ou quatre.
Parlons justement de cette partie. C’est clairement à éviter. Nous n’y allons pas par quatre chemins mais là c’est mal fait. On est bien loin de la qualité du mode coopératif des Rayman Origins et Legends pour ne citer qu’eux. En effet, l’écran n’étant pas scindé, la caméra suit majoritairement le personnage qui est devant. Or dès que celui ou ceux qui sont derrière prennent une autre voie, vont un peu moins vite, bloquent sur un piège ou autre, ils disparaissent, se faisant comme embullés avant de pouvoir réapparaitre quand ils souhaitent en appuyant sur une touche. Sur le papier, ça rappelle les Rayman et ça permet de coopérer tout en se tirant la bourre, surtout qu’en l’occurrence Tails peut par exemple transporter un coéquipier en volant. Dans la réalité, la caméra est trop proche, tout le monde doit se suivre avec le même chemin, sinon le jeu s’y perd et recentre parfois sur celui qui a pris un autre chemin, nous empêchant d’aller récupérer un bonus par exemple. A deux, ça devient vite le bordel et c’est désagréable. A trois ou quatre, ça devient infernal. La vitesse de déplacement et les multiples chemins ne sont pas compatibles avec cette manière de proposer de la coopération. Il aurait été préférable d’avoir pour le coup de l’écran scindé avec la possibilité pour les personnages de s’entraider… Ou alors de pousser le curseur compétitif pour vraiment inciter les personnages à se tirer la bourre.
Pour un opus qui a mis en avant la partie multijoueur, ça démarre plutôt mal puisque justement toute cette partie est soit anecdotique, soit mal fichue. Reste alors à voir si au moins en solo on prend du plaisir… Ouf, c’est le cas même si tout n’est pas Rose (mon Amy ?) ! Explications. Dans un premier temps, on se laisse charmer par la cinématique d’introduction du jeu qui est très plaisante. Ensuite, on se laisse séduire par les musiques, beaucoup de remix renvoyant à nos souvenirs. Visuellement, il y a forcément mieux mais le rendu est agréable à l’œil, c’est coloré et la technique n’est pas prise en défaut. Le jeu s’en sort plutôt bien, même au niveau des modélisations 3D des personnages et des ennemis. Quelques effets visuels sont même plutôt sympathiques et l’ensemble est propre sur Xbox Series X du moins.
Même si l’inertie est encore un poil trop flottante à notre goût, il faut reconnaître que les personnages se contrôlent plutôt facilement et que le titre est bien calibré pour éviter la frustration. Pour notre part, nous l’avons trouvé globalement facile, à deux boss près, celui de la zone rétro et le boss final qui est un peu longuet et qui donc sanctionne facilement une erreur sur la fin du combat, obligeant à reprendre les cinq à six dernières minutes. En répétant l’opération, on peut facilement allonger la durée de vie qui a été inférieure à quatre heures dans notre cas et qui peut même se réduire de moitié en réussissant chaque niveau du premier coup. Dans tous les cas, les checkpoints sont assez nombreux et on reprend facilement au dernier point, avec toujours quelques anneaux à collecter à côté pour ne pas se retrouver sans rien, les anneaux servant toujours de roue de secours lorsqu’on tombe dans un piège ou que l’on se fait toucher par un ennemi, ce qui évite justement le retour au dernier checkpoint.
Le plaisir, il réside surtout dans le fait de parcourir les niveaux au level design bien pensé qui reprennent beaucoup d’éléments des premiers Sonic. Même si les noms diffèrent, comme celui de la première zone, cela fait forcément écho dans notre cœur. C’est varié et le dernier tiers de l’aventure se permet le luxe de faire quelques expérimentations, comme le niveau en pixel art qui est adorable, une phase en shoot them up avant la fin ou le dernier niveau qui se la joue Tenet (vous comprendrez en jouant). Avec des zones de vitesse et d’autres beaucoup plus centrées sur la plateforme, on trouve un certain équilibre. Bien entendu, Sonic offre une expérience plus originale tandis que les autres personnages, du fait de leurs facultés spéciales permettent de faciliter un peu la progression. L’avancée est bonne, on découvre des passages plaisants.
Dommage que deux idées viennent un peu noircir le tableau. La première, c’est l’intégration de mini-jeux en 3D pour récupérer les fameuses émeraudes du chaos ou les pièces à l’effigie de Sonic (pour débloquer des éléments de personnalisation dans le mode combat). Le souci, c’est qu’on a un mini-jeu à base d’accroches de points pour se balancer en essayant de se rapprocher au maximum de l’élément convoité pour l’attraper. La caméra n’est pas optimale, la liberté d’action est réduite et ce n’est pas plaisant. Pire, à plusieurs, on doit avancer chacun à tour de rôle… Bref, à revoir, surtout quand on apprécie les niveaux bonus de l’époque. La deuxième, c’est l’intégration des Emeralds Powers. Concrètement, pour chaque émeraude ramassée, on débloque un pouvoir spécial, comme une sorte de multiclonage façon Naruto avec des Sonic qui envahissent l’écran, la possibilité d’avoir une attaque de feu, une attaque d’eau (pour remonter une cascade) ou encore celle de visualiser des éléments cachés. Ce n’est pas forcément bien intégré à l’aventure puisque ce n’est vraiment utile que sur une poignée de passages scriptés. Et encore, on peut terminer tout le mode Histoire sans les utiliser. Prenons donc ça comme un bonus, même s’il faut reconnaître que le multiclonage est un plus appréciable contre les boss. Bien entendu, il n’est pas possible de spammer l’attaque spéciale, il faut la recharger au préalable.
Enfin, une fois l’aventure terminée, on débloque un cinquième personnage, comme nous le disions au début de cet avis, et un mode Histoire qui lui est dédié. Attention, il s’agit en fait de parcourir à nouveau les mêmes mondes, dans le même ordre, mais en utilisant spécifiquement ledit personnage. Le gros plus, c’est que les capacités de ce cinquième larron permettent d’explorer d’autres voies et de faire face à quelques ajustements du level design, au rajout d’ennemis, bref à des éléments ajoutés pour augmenter la difficulté. Ce sera peut-être trop pour certain(e)s mais nous avons pris un sacré plaisir à y revenir. Cela permet en plus de doubler à peu près la durée de vie initiale. Reste bien entendu la possibilité d’utiliser le personnage dans le mode Histoire principale pour la coopération (toujours déconseillée) ou simplement pour refaire un niveau. Cela offre l’opportunité d’y revenir pour la chasse aux pièces ou aux émeraudes selon votre niveau de complétion la première fois.
On a adoré : Le mode Contre-la-montre, classique, efficace Plutôt joli, coloré et propre techniquement La cinématique d’intro, superbe Le plaisir de jouer cinq personnages… Dont un à débloquer avec son propre mode Histoire Mode Histoire supplémentaire à la difficulté relevée Les musiques sont plaisantes Un level design varié et très plaisant Les expérimentations du dernier tiers |
On n'a pas aimé : Les mini-jeux en 3D à revoir Le mode Combat vite oublié La caméra souvent trop proche L’aventure à plusieurs n’est pas agréable Pouvoirs majoritairement anecdotiques Plutôt (très) facile dans l’ensemble Ca manque un peu de passion |
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