Pour leur première production, Ascendant Studios joue la carte du risque avec non seulement une nouvelle IP, mais aussi l’utilisation de l’Unreal Engine 5 qui, certes, en a dans le ventre graphiquement, mais reste à voir si le studio maîtrise la bête suffisamment pour que le jeu ne soit pas qu’un simple spectacle visuel. On ne va pas voue le cacher, des surprises étaient au rendez-vous, mais pas forcément là où on aurait pu les attendre.
Immortals of Aveum fait partie de ces jeux qui ont le désir de mettre en avant une histoire plutôt que d’être un bête jeu d’action. Dès le début, le lore transpire par l’univers visuel, mais aussi par son histoire qui servira de socle à une aventure où la magie réside autant dans les enjeux que dans les pouvoirs présents dans le monde d’Aveum.
Cinq royaumes composent Aveum, avec comme attribut commun une croyance, symbolisée par le créateur de la magie : le Pentarque. Si les pouvoirs qui ont été conférés aux humains leurs permettent de se faciliter la tâche au quotidien, d’autres plus pernicieux l’utilisent à des fins personnelles, voire même dans le cadre de la guerre.
Alors que dans cet univers ou doivent régner la magie et l’image que l’on peut s’en faire, ici rien de bien bucolique au démarrage, car on commence… Sous les ponts. Dans la ville de Seren, Jak vit dans les parties basses de la ville, sorte de bidonville géant en bois construit sous un énorme pont de pierre, avec son amie Luna et d’autres petits camarades. D’ailleurs cela fait penser aux squats dans la partie inférieure de Midgar dans Final Fantasy VII, mais revenons à notre héros. Ce dernier a une particularité assez embêtante, il est dépourvu de magie, dans un monde qui en est pourtant rempli (les fans de mangas penseront à Deku dans My Hero Academia ou Lanfeust dans la BD Lanfeust de Troy).
Aspirant à une vie plus exaltante, il va être servi, mais pas comme il le souhaitait : la contrée de Rasharn menée par Sandrakk a en effet décidé de lancer une attaque contre les autres royaumes, et le sort a voulu que Seren soit une cible de cet attaque éclair. Ce drame mène à la perte des amis de Jak, mais révèlent un pouvoir en lui qui lui permet de contrôler les trois types de magie. C’est là qu’il est pris en charge par Kirkan, Magnus à la solde de l’armée de Lucium, comprenez par là qu’elle est en haut de l’échelle des mages, et entrainera notre héros à contrôler ses nouveaux dons pour mener la lutte contre les rashaniens.
Alors oui, tout ça ne paraît pas bien original sur le papier, faisant écho comme nous l’avons évoqué à d’autres références du genre, et sûrement bien d’autres dont nous vous laissons le soin de la comparaison. Reste à voir si les autres éléments du jeu sont d’un autre acabit
On retrouve ainsi Jak et Kirkan cinq ans après les faits, et le conflit a évolué depuis : à côté de la guerre contre Sauron, euh, Sandrakk et ses armées, une faille est apparue entre le monde d’Aveum et celui du Pentarque. Petit souci : plus la magie est consommée, plus cette brèche s’élargit, et risque de tout faire disparaître à terme. Il va falloir alors se battre sur deux fronts avec un paradoxe assez clair : mettre fin au conflit sans utiliser la magie…
A vous de trouver la solution, avec l’aide de divers compagnons que vous croiserez lors de votre aventure ! Et une chose est sûre : vous allez en prendre plein les yeux pendant le voyage ! En termes techniques, que ce soit la modélisation des personnages, la direction artistique, ou les effets de particules ou de lumières, Immortals of Aveum assure le spectacle. La mise en scène n’est pas en reste, ce qui n’étonne qu’à moitié car c’est Bret Robbins qui est derrière Ascendant Studios, et avait bossé sur des titres comme Dead Space, Blood Omen 2 ou plusieurs épisodes de Call of Duty. Niveau narration, on a connu pire. La mise en scène, la narration, et le doublage français qualitatif sauront vous transporter. Même si on pourra malgré tout mettre un bémol sur la synchronisation labiale, calée sur la version anglaise, qui suit forcément moins bien dans la langue de Molière.
Tout n’est pas parfait cependant, car même si l’Unreal Engine 5 flatte la rétine, on note des disparités sur des textures selon les endroits, parfois jolies, parfois brouillonnes, un aliasing marqué surtout sur Series S, et parfois le second plan qui est flouté pour se concentrer sur les personnages qui sont devant. Techniquement malin, mais le flou et l’aliasing peuvent piquer les yeux. C’est dommage car le framerate est plutôt pas vilain, avec quelques accrocs par moments, mais on peut saluer la performance, notamment sur certains plans bien chargés.
Là où le titre gagne des points, c’est sur son aspect sonore, avec des musiques aux thèmes variés, soutenu par une composition dynamique et même parfois épique que l’on doit à Jamie K, Tom Hawk et Aubrey Hodges. A la croisée de l’orchestral et de sonorités modernes électroniques et industrielles, le mix est osé mais donne un rendu qui colle parfaitement. Notez que Hodges a bossé sur des classiques comme Doom, Quake ou encore Halo, Jamie K étant plutôt dans l’électronique et Tom Hawk dans l’orchestral, cette fusion étonnante se révèle détonante.
Sur la dizaine d’heures que dure l’aventure principale, tout est plutôt fluide et garde son intérêt, la forme étant au service du fond, car l’histoire en elle-même ne fera pas illusion pour quiconque a de bonnes références au niveau sci-fi ou fantasy. Globalement, le ton est plutôt sérieux, mais propose quelques moments plus légers histoire de souffler un peu, avec également des instants plus portés sur les personnages, leur conférant ainsi plus de profondeur et de texture que de simples PNJ collés çà et là (mention spéciale à Thaddeus, que nous vous laissons le plaisir de découvrir).
Cela dit, globalement ce sont tous des archétypes, mais qui restent cohérents au sein de la diégèse et restent intéressants malgré les clichés que vous pourrez voir par moments. A défaut d’une originalité absolue, la construction des personnages est correcte, et c’est déjà pas mal.
Rentrons maintenant plus en détails dans l’action : vous l’avez compris, Jak peut contrôler tous les styles de magie du monde d’Aveum, qui sont divisés en trois couleurs : rouge, bleue et verte, ayant chacune des caractéristiques propres. Il faudra faire attention à la magie employée par les adversaires, et utiliser la bonne couleur pour que vos attaques soient efficaces. Certains sont orientés sur les dégâts physiques comme la couleur rouge, la protection avec le bleu ou la régénération avec le vert. Et il faudra changer plusieurs fois de type d’attaque rapidement pour espérer gagner les combats qui deviendront de plus en plus techniques au fil du jeu, sans pour autant être des casse-tête.
Il faudra aussi compter sur votre agilité pour vous déplacer en combat, en effet, on est plus proches de l’action d’un Doom Eternal, ce qui implique des sauts, des dash, et même des objets bien pratiques comme le lasso qui ramène les ennemis vers vous (coucou Bullet Storm) En plus de tout ça, vous récupérerez au fil du jeu des équipements différents et vous pourrez vous en équiper pour profiter de statistiques et compétences uniques, et vous pourrez utiliser la Forge pour les améliorer, si vous avez les bons composants, trouvables en fouillant dans les niveaux ou sur les cadavres de vos ennemis.
En parlant de cadavres, vous récupérerez des points de compétence à chaque niveau que vous gagnerez, en accumulant de l’expérience, ici nommée arcanum, soit en tuant des ennemis, soit en fin de mission. Il sera possible d’utiliser ces points durement gagnés et de booster vos compétences dans l’arbre prévu à cet effet au sein du menu, à vous de choisir de vous spécialiser dans un type de magie ou un autre, ou choisir un peu de tout. C’est au total plus de 80 talents et 25 sorts qu’il est possible d’obtenir ainsi. En conséquence, selon les choix que vous ferez, les combats s’orienteront plus sur la puissance des attaques, votre mobilité, ou votre capacité à résister aux coups par exemple.
Globalement, on retrouve une construction similaire dans les niveaux, à savoir des salles à nettoyer, puis à fouiller pour trouver du loot ou des coins cachés, avec parfois la nécessité de trouver le bon objet pour ouvrir un chemin indisponible précédemment. On vous invite à être curieux, car des objets rares sont souvent bien planqués, et seront très utiles pour votre aventure…
Surtout que la difficulté est en dents de scie, même si au départ vous avez le choix entre trois modes différents, certains passages seront plus costauds selon vos affinités magiques, et aussi votre capacité à vous mouvoir correctement ou non. Le gameplay est heureusement précis et efficace, et il y a toujours un moyen de s’en sortir, il faut parfois bien étudier le terrain, ou pour les boss, bien suivre leur pattern. Petit point d’ailleurs sur les combats de boss, parfois très impressionnants, ils sont aussi parfois victimes de ce qui fait le plaisir visuel : les effets de lumière. Parfois il est difficile de voir ce qui se passe avec le bordel ambiant à l’écran, et si pour les boss taille mammouth ça reste assez jouable, avec d’autres plus petits, ça peut devenir compliqué de suivre… Rien d’impossible cela dit, mais ça peut freiner votre frénésie !
Si la grosse dizaine d’heures de jeu permet de terminer l’aventure principale, il sera aussi possible de continuer l’aventure avec pas mal de défis à compléter, des objets à dégoter ou encore le dernier gros challenge du jeu qui nécessite de défaire les 6 magnis suprêmes, et c’est pas de la tarte !
On a adoré : Direction artistique plaisante L’animation des personnages La musique et l’ambiance sonore L’action nerveuse Les possibilités en termes de compétences |
On n'a pas aimé : Le framerate parfois aux fraises Hyper classique niveau histoire et archétypes Techniquement irrégulier (aliasing, résolution…) Le côté couloirs parfois flagrant |
Partager : |