Argent, amour, chance, je ne manque de rien. Amis, copains et famille, ils m’entourent tous. Malgré tout, je n’ai pas ce ressenti qu’ils peuvent craindre. Je n’ai que l’espoir d’un jour les découvrir. Je m’y emploie sans relâche, en vain… Accidents, mutilations, situations périlleuses, le résultat est identique. Suis-je condamné à exister sans pouvoir vivre ? Cette idée ne me satisfait guère et je ne veux en aucun cas m’y résoudre. Dans un premier temps, j’ai essayé de faire un bilan. Une larme a coulé le long de ma joue. Dans un deuxième temps, j’ai imploré de quelconques divinités futiles… Sans réponse de leur part, j’ai perdu la foi, avant d’en arriver à éprouver mon foie. Mais l’alcool n’a pas ébranlé ma conscience. J’ai fini par flirter avec la mort, mais, les risques étant calculés, je ne faisais que me moquer d’elle sans même l’apprécier. Je me suis finalement laissé tenter… Un objet est rapidement devenu mon meilleur ami. Je l’ai utilisé sans retenue, sans précaution. Un frisson m’a parcouru. Une envie m’a pris. Je ne sais pour quelle raison je le faisais, mais je courais.

Tel le Petit Poucet, je semais quelques gouttes, trahissant mes déplacements, accusant mon inconscience d’avoir laissé mon conscient jouer avec la lame… me condamnant tout simplement. Durant les quelques minutes pendant lesquelles j’étais déjà un homme mort, j’étais vivant. L’issue était enfin inévitable. Je savais qu’il n’y avait ni paradis, ni enfer, ni réincarnation, ni tout autre connerie qui rend la mort plus douce aux yeux des Hommes. J’étais persuadé que je m’éteignais petit à petit et que la chandelle, brûlée par les deux bouts, ne se rallumerait plus. J’étais heureux de pouvoir respirer ce parfum qui s’évaporait au fil des minutes. Durant les dernières secondes, pendant que mon corps se reposait, éprouvé et vidé par cette expérience, je pensais que le goût de la vie n’était que lié à celui de la mort. Je savais que la peur était le lien entre les deux. Je regretterai toujours de ne pas en avoir profité. Foutu privilège m’ayant ôté une partie de ma feu condition d’être humain.