La licence Metal Gear n’est plus toute jeune, mais
Konami ne cesse de l’exploiter. Quatre opus principaux, des rééditions, des portages, de nombreux spin-off plus ou moins réussis, il est bien difficile d’y passer à-côté. En ce début d’année, nous avons le droit à un
Metal Gear Rising : Revengeance
qui offre une nouvelle approche de la licence. En effet, ce spin-off est un beat them all qui a terminé entre les mains de
PlatinumGames, réputé entre autres pour son
Bayonetta
et pour son
Vanquish
. Exit Solid Snake, place à Raiden (ou ce qu’il en reste) et à de sombres histoires de sociétés de mercenaires privées. Néanmoins, avec un développement chaotique en amont, le doute quant à la qualité de ce MGR était permis. Qu’en est-il donc au final ?
Découper, c’est la santé !
Konami ne s’en est jamais caché,
Metal Gear Rising : Revengeance
est un spin-off prenant avant tout la forme d’un beat them all inscrit dans l’univers Metal Gear. Ne vous attendez pas à de l’infiltration, même s’il y en a une mini touche, le principe de cet opus est de tout découper ou presque sur son passage, décors et ennemis compris. C’est plutôt séduisant sur le papier, même si son intégration à l’univers de Metal Gear surprend. Cela dit, très rapidement vous découvrez le gameplay axé sur l’art de la découpe. Ponts, caisses, rochers et autres éléments pouvant cacher vos ennemis, rien ne vous résistera. Un ennemi est haut perché sur un pont, aucun souci, découpez les piliers jusqu’à l’affaissement de ce dernier, mettant alors l’ennemi à portée de main. Afin d’accentuer le plaisir de la découpe, les développeurs ont intégré un mode Katana qui ralentit l’action pour découper les éléments devant soi, soit avec précision via le stick analogique droit, soit de manière basique avec deux boutons (un pour la découpe verticale et l’autre pour l’horizontale). Cela consomme bien entendu de l’énergie afin d’éviter d’en abuser. Néanmoins, ce mode permet aussi de trancher le point faible des ennemis pour récupérer des électrolytes. Ces derniers font remonter la barre de vie et l’énergie. Avec une certaine habileté, on peut même en abuser pour se faciliter quelque peu la vie. Malgré l’action très prononcée, il est parfois possible de « s’infiltrer » en utilisant une fonction de réalité augmentée.
Pour faire simple, on visualise alors les rondes des gardes, on voit à travers les murs et on met en évidence les objets et autres points importants. Au niveau visuel, on retrouve les tons habituels de la série, les développeurs ayant fait en sorte de respecter l’univers de la licence. Bien entendu, les fans de MGS pourraient crier au scandale sur certains points, mais il faut bien garder à l’esprit que c’est un spin-off. Pour en revenir sur l’aspect visuel, soulignons les graphismes, loin d’être impressionnants. Aliasing ci et là, des paquets de textures baveuses, ce MGR ne fera pas date à ce niveau-là. D’ailleurs, les environnements, à l’image de la réalisation du jeu, sont très inégaux, traduisant certainement le développement chaotique du jeu. Le level design est quant à lui assez basique, avec majoritairement des couloirs et des arènes. En contrepartie, il faut reconnaître que le soft est généralement fluide et propre. Certains effets visuels sont même appréciables. Un mal pour un bien en somme. Les animations sont dans l’ensemble correctes, Raiden a profité d’un certain soin et les coups sont vraiment bien rendus. L’action part dans tous les sens, les développeurs ayant voulu mettre l’accent sur un aspect spectaculaire. On retrouve la
PlatinumGames Touch. Les boss sont aussi de la partie avec un certain sens de la mise en scène.
Ca tranche dans le vif
Sous le sous-titre « Revengeance » se cache des tergiversations philosophiques que nous vous laissons le soin de découvrir. Sachez simplement que l’histoire prend place environ quatre ans après les événements survenus dans Metal Gear Solid 4. Raiden, qui travaille pour une société de mercenaires privée, est chargé de la protection d’un dignitaire africain. Ce dernier est enlevé et il convient de le récupérer. Le speech de départ commence plutôt tranquillement et, finalement, le scénario est clairement oubliable. Les différentes séquences abordées ne sont que des prétextes pour croiser le fer. En d’autres mots, le scénario est une déception, les dialogues allant vite être zappés par beaucoup. On apprécie tout de même de retrouver quelques touches de Metal Gear, avec notamment les discussions via le codec (informations et précisions sur la mission et l’histoire) et toutes les références faites à la saga. Certains apprécieront peut-être même les combats contre les boss des niveaux 3 et 5. Quant au dernier, il devrait diviser les foules. En revanche, la majorité devrait s’accorder sur la qualité de la bande sonore, les musiques et les doublages faisant bien leur office et les doublages anglophones étant accompagnés de sous-titres en français. Certains rythmes ont même réussi à nous marquer tant ils accompagnaient bien l’action. Bien que nous ayons évoqué les bases du gameplay plus haut, il est bon de rentrer dans les détails. N’y allons pas par quatre chemins, globalement, c’est réussi.
La prise en main est rapide, les combats sont nerveux et le mode Katana déjà évoqué offre de bonnes sensations. Plusieurs combos sont aussi de la partie et la montée en puissance se fait sentir au fil de l’évolution de notre personnage. Compétences, améliorations et armes, il y a de quoi faire dès lors que l’on obtient suffisamment de crédits au cours du jeu. On apprécie tout particulièrement les armes qui s’ajoutent à l’arsenal, avec leurs capacités bien spécifiques. D’autres accessoires, comme des grenades en tous genres, des puces de récupération de vie/énergie, des cartes 3D pour distraire les ennemis ou encore un lance-roquettes, sont également de la partie. Tout se gère via un inventaire associé à la croix directionnelle, en sachant qu’on porte son arme principale, un objet de récupération, un objet secondaire et une arme personnalisée. En sus, pour dynamiser le soft, les développeurs ont intégré un mode course, certes assisté, qui introduit des courses-poursuites réussies. Raiden grimpe également plus facilement sur certains éléments, malgré des sauts parfois hasardeux. A cela, il faut ajouter la possibilité d’éliminer discrètement des ennemis, grâce au coup du ninja, en arrivant par derrière en toute discrétion. Cela peut faire sourire pour un beat them all très porté sur l’action, mais c’est bel et bien là. En plus, cela permet de déclencher un Zandatsu pour s’approprier la colonne vertébrale de l’individu en question.
Coupé, décalé
Clin d’œil à la saga MGS, on retrouve le même système de repérage du héros (bleu, tout va bien ; orange, un ennemi suspecte quelque chose ; rouge, on est repéré). Bien sûr, le rythme de la musique va crescendo en fonction du statut de Raiden. Ceci dit, les deux points qui intéresseront les fans du genre, ce sont les parades et les contres. Dans les deux cas, il suffit d’appuyer au bon moment sur un bouton tout en dirigeant correctement le stick. Elles se déclenchent pour peu que l’on réalise la manipulation avec un timing précis (anticipé pour la parade, serré pour la contre-attaque), ce qui permet d’infliger bien plus de dégâts, voire d’enchaîner jusqu’à l’élimination. En plus de cela, nous avons des esquives (combinaison de deux boutons) qui permettent d’enchaîner l’ennemi à l’abri de ses attaques. Fort généreuses, elles permettent de se sortir de bien des situations délicates, surtout que certains ennemis, comme les Vodomjerkas et les Hammerheads sont puissants. Certains demandent même d’utiliser le combo adapté ou une grenade IEM afin de les sonner avant de les attaquer. La clé du gameplay repose sur la maîtrise de ces dernières techniques. Pour autant, ce MGR est moins technique que
Bayonetta
ou
DmC
. Cela n’empêche pas que les fans l’apprécieront, tandis que les néophytes pourront en profiter dans les niveaux de difficulté les plus bas. Mine de rien, le soft offre un certain challenge, notamment dans les modes Très Difficile et Revengeance qui sont à débloquer.
En sachant que la caméra a souvent du mal à garder le cap, surtout dans les lieux confinés, il y a une dose supplémentaire de challenge (bien que l’on se serait passé de ces soucis de caméra). Dans tous les cas, tous les profils devraient y trouver leur compte. Par contre, on souligne que l’I.A. est inégale au cours de l’aventure, avec certaines phases qui haussent d’un coup la difficulté, alors que celle-ci retombe sur l’affrontement suivant. Résultat, l’I.A. donne un effet mi-figue, mi-raisin. Vient alors le moment de parler du sujet qui fâche, la durée de vie. Si celle-ci dépend fortement de ses aptitudes et de la difficulté choisie (comme bien souvent), il faut reconnaître que l’aventure reste bien courte, surtout pour un jeu uniquement solo. Le commun des mortels mettra entre cinq et six heures (mode normal) ou une huitaine d’heures (mode difficile) pour boucler le jeu la première fois. Sur un deuxième passage, la durée de vie descend à trois heures sans forcer en mode normal (toujours pour un joueur lambda). D’ailleurs, le rythme du jeu est assez particulier puisque les premières missions sont relativement longues, du moins si on les compare aux dernières ridiculement courtes.
Reste le boss de fin, à battre en plusieurs étapes, qui demandent plus de temps. Les divers chargements que l’on subit n’aident pas à améliorer ledit rythme. Pour les joueurs qui veulent simplement découvrir l’aventure, sans plus, la durée de vie sera un véritable point noir. Pour les autres, la replay value aidera à faire passer la pilule plus ou moins efficacement. Dans un premier temps, cela passe par le système de scoring, aussi classique qu’efficace, qui met les joueurs au défi de terminer toutes les missions avec un rang S. Dans un deuxième temps, il y a les modes de difficulté à débloquer qui vous permettront de faire un deuxième, jusqu’à un troisième run. Enfin, outre divers objets à collecter au cours de la progression ou encore des otages à sauver, on retient la présence des VR missions. Plutôt nombreuses, elles offrent un certain challenge aux joueurs acharnés qui souhaiteront établir le record de chacune d’entre elles. Notez qu’en finissant certaines missions et en respectant certaines conditions, vous débloquerez de nouvelles armes surpuissantes, de nouvelles combinaisons et des objets, le tout étant fort utile pour bien se préparer à la difficulté maximale.
Point completMalgré un développement chaotique,
PlatinumGames a réussi à sortir un spin-off très agréable à jouer. Le gameplay est dynamique, le jeu est fun, c’est fluide et le mode Katana est jouissif. On prend du plaisir à trancher les éléments du décor et à découper en pièces nos ennemis. L’aventure vaut le coup d’œil et les développeurs ont bien réussi le pari de l’intégrer à l’univers Metal Gear, avec plein de clins d’œil ci et là. Hélas, tout n’est pas parfait, loin de là même. Si visuellement le titre est loin d’être moche, il n’est pas non plus renversant. La réalisation reste très inégale à ce niveau là. Quant à la durée de vie, elle est relativement courte. Le joueur lambda qui ne va le parcourir qu’une fois sera déçu, tandis que le fan du genre gonflera ladite durée avec le scoring, les VR Missions ou encore les modes de difficulté supplémentaires à débloquer. Tout est une question de profil. A vous alors de voir s’il vaut le coup à plein tarif ou à prix réduit plus tard.
On a adoré :
+ Une certaine mise en scène
+ Bestiaire sympathique
+ Gameplay dynamique
+ Parades/contres, vive le timing
+ Le mode Katana, jouissif
+ Fluide et assez propre
+ Le système de progression
+ Le fan service
+ Plein d'éléments destructibles
+ La bande sonore
+ Du challenge pour tous
+ Plusieurs à-côtés (dont VR Missions)
+ Le scoring pour les intéressés
+ Un arsenal agréable
+ Premiers niveaux assez longs…
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On n'a pas aimé :
- Mais derniers très courts
- Durée de vie assez faible
- Des soucis de caméras
- Scénario plutôt décevant
- Visuellement inégal
- Level design assez basique
- Fin bâclée
- IA, mi-figue mi-raisin
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