Alors que les ténors du survival-horror tentent de retrouver un second souffle en étant de plus en plus immersifs, de plus en plus violents,
2Dark
prend tout le monde à contrepied en proposant un point de vue plus narratif, plus altruiste et quelque part plus "responsable". L'homme à l'origine du projet n'est autre que
Frédérick Raynal, pionnier du genre notamment reconnu au début des années 90 grâce à son fameux
Alone in the Dark, un jeu qui à l'époque a su montrer la voie à de dignes successeurs. Souhaitons à
2Dark
qu'il laisse la même empreinte dans l'histoire du jeu vidéo...
Quand le malsain prend le pas sur la peur
L'histoire de
2Dark
nous plonge dans l'enquête menée par le détective
John Smith, un homme simple au passé tristement obscurci il y a 7 ans par la disparition sanglante de sa femme ainsi que par l'enlèvement tragique de ses enfants. Animé par le désir de retrouver sa progéniture, le limier se lance sur la piste de disparitions d'enfants perpétrées à
Gloomywood, espérant y trouver un lien avec son affaire. C'est d'un point de vue assez éloigné (vue de dessus en 2D) que le joueur pourra contrôler
Smith. Si ce choix peut faire débat, il offre la possibilité de suivre les dialogues des divers protagonistes ainsi que leurs déplacements scriptés dans les environnements tout en restant caché dans l'ombre. Tout le gameplay de
2Dark
repose sur la discrétion, le héros passera le plus clair de son temps à attendre le bon moment pour se faufiler sans bruit tout en restant hors du champ de vision des ennemis. À vous de trouver dans les niveaux de quoi vous éclairer, vous défendre ou encore rechercher les nombreux indices en faisant bien attention de ne pas gaspiller les maigres ressources à votre disposition. Esthétiquement,
2Dark
a un petit côté rétro/mignon avec ses personnages pixélisés en "Super-Deformed" et ses environnements statiques détaillés.
On peut considérer que la direction artistique choisie pour ce soft permet de montrer un maximum de scènes macabres, voire gores, sans trop donner la nausée aux âmes les plus sensibles. En effet, les thèmes abordés ou les situations décrites peuvent paraître "dérangeantes", c'est pourquoi le jeu est tout de même classifié PEGI 18. On peut reprocher au soft de
Frédérick Raynal une certaine rigidité qui limite le nombre de possibilités offertes au niveau de l'infiltration, les chemins sont quasi tous tracés et assez linéaires. L'IA des ennemis est suffisamment permissive pour que le joueur s'autorise quelques passages "à l'arrache" en passant (presque) sous le nez des ennemis en mode tu me vois, tu ne me vois plus… Les malchanceux qui n'arriveront pas à se cacher à temps seront quasiment certains de se faire "griller" et tuer, obligeant à recharger la dernière sauvegarde. Evidemment il est possible de faire plus radical en dégommant furtivement ou non du méchant mais le jeu récompense une approche sans victime. Il faudra donc user de stratégie pour détourner l'attention des ennemis en lançant un bonbon ou en faisant du bruit par exemple. De nombreux enfants seront à délivrer tout au long de l'enquête, si notre St Bernard de service peut en prendre un dans ses bras pour le conduire en lieu sûr, il devra échafauder un plan pour faire sortir tout le monde sans que les pleurs et autres jérémiades alertent les ravisseurs aux alentours.
Globalement
2Dark
ne joue pas sur la peur à proprement parler, ni sur l'effet de surprise qui nous fait bondir du canapé (comme dans Outlast par exemple), à part la crainte de se faire repérer et de devoir recharger la sauvegarde (qu'on peut réaliser n'importe quand), c'est surtout la cruauté et l'ambiance malsaine particulièrement détaillées qui sont mises en avant. On aurait par contre apprécié quelques cinématiques qui auraient ajouté une certaine mise en scène au jeu ainsi que des voix pour remplacer les dialogues textuels en Français. Le soft dispose d'une bonne rejouabilité en proposant un mode défi qui demande au joueur de réussir tous les niveaux en trouvant tous les objets et en sauvant tout le monde, histoire de prolonger un peu la durée de vie honnête et débloquer quelques succès supplémentaires au passage. À part une sauvegarde malheureuse qui a provoqué des freezes à répétition, obligeant à recommencer un niveau assez long depuis le début, aucun autre problème technique n'a été détecté. Le jeu ne semble pas être spécialement gourmand en calcul.
L’avis perso de Bruce // Même pas peur ! Ah ! C'est dur de dire du mal de ce jeu, il est bon mais on a du mal à "rentrer dedans"… Le point de vue aérien ne permet pas de vivre l'histoire mais simplement de la suivre. Je suppose que la censure n'aurait jamais laissé passer 2Dark s'il avait été en vue subjective avec toute l'horreur présentée dans le sujet abordé. Pour aller plus loin, j'ai peur que les jeux vidéo se heurtent à une limite que les films franchissent allègrement depuis belle lurette. Quoi qu'il en soit, à défaut de donner des cauchemars, 2Dark divertira les joueurs qui se laisseront tenter. Pour le renouveau des survival-horror, il faudra attendre que les jeux vidéo ne soient plus considérés comme de simples "amusements pour enfants". Enfin ça… c'est une autre histoire. |
Point complet2Dark est un bon jeu, ça ne fait aucun doute. Est-ce qu'il révolutionnera le survival-horror ? Là c'est moins évident. L'aspect infiltration donne une saveur intéressante au genre mais le visuel, les dialogues textuels et la sauvegarde "à la volée" ne permettent pas une expérience aussi immersive et impressionnante qu'on espérait.
2Dark gagne donc ses galons de survival-horror non pas pour les frissons qu'il engendre mais bel et bien pour son scénario inclassable ailleurs.
On a adoré :
L'aspect infiltration
La maturité du scénario
Sauver des enfants pour une fois
Avoir le choix de tuer ou non
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On n'a pas aimé :
Très peu subjectif
L'IA rigide d'une autre époque
Mise en scène faiblarde
La sauvegarde trop présente
Assez linéaire
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