Disponible depuis la fin de l'année dernière sur PC avant d'apparaître sur la précédente génération de consoles,
Stick It To The Man!
a récemment fêté son arrivée sur Xbox One. L'occasion pour nous de découvrir un jeu d'aventure et de plateformes couplé à une dimension point'n click, le tout servi par un scénario loufoque. Avons-nous droit à une nouvelle pépite indépendante sur nos machines ?
This is a man's world
Dans
Stick It To The Man!
, on incarne Ray, un personnage à la vie morose qui travaille en tant que testeur de casques de chantier dans une usine. Un beau jour, une mystérieuse caisse s'écrase directement sur le crâne de notre héros, suite au crash d'un avion de transport… Et c'est ce coup du sort qui va radicalement chambouler la vie de Ray. Après une longue inconscience, notre héros se réveille à l'hôpital avec un abominable mal de tête, un bandage sur le crâne et un spaghetti rose en forme de main qui lui jaillit du front. Alors qu'il décide de rentrer chez lui afin de rassurer sa petite amie, Ray découvre qu'il est le seul à voir ce bras étrange, mais surtout que ce dernier lui permet de faire deux étonnantes choses. Tout d'abord, via RB ainsi que d'un mouvement du stick droit, il lui est possible de détacher des icônes (nous y reviendrons un peu plus tard) et de les ajouter à son inventaire ; puis, via LB, son bras luminescent lui donne le pouvoir de lire dans les pensées des nombreux personnages qui se trouvent dans le jeu. Particulièrement novateur, ce système permet de résoudre bon nombre d'énigmes et par extension d'avancer dans les dix chapitres qui composent le titre de
Riptide et
Zoink Games.
Bien entendu, Ray attirera rapidement l'attention sur lui en essayant de découvrir ce qu'il lui arrive, et tout particulièrement celle de l'Homme, un inquiétant protagoniste qui mobilisera ses gardes armés sur le terrain pour capturer Ray afin de lui arracher son pouvoir. Si ce scénario peut sembler bien sérieux, une fois en jeu, c'est l'humour qui prend le relais de façon omniprésente. Effectivement,
Stick It To The Man!
se joue en sidescrolling et il n'est pas rare d'entendre Ray aider le joueur dans sa progression en lui indiquant que pour résoudre les énigmes, il faut aller "à droite, puis plus loin à droite, et encore tout au bout à droite". C'est drôle, incisif et tranchant. En sus, il faut savoir que la comparaison avec les autres jeux de plateformes s'arrête à l'idée du sidescrolling. En clair, le bras spaghetti permet de transformer les pensées et les désirs des personnages en vignettes et de les coller à divers emplacements pour résoudre les énigmes proposées (on y est revenu). Si cela peut paraître diablement classique expliqué ainsi, il faut savoir qu'en jeu il n'en est absolument rien, car on fait face à des puzzles complètement loufoques, voire même illogiques pour peu que vous adoptiez une approche terre-à-terre des casse-tête.
De quoi nous scotcher à la manette ?
Par exemple (attention petit spoiler jusqu’au prochain point d’exclamation), lors de la progression, on doit s'échapper d'un asile (l'un des meilleurs niveaux du titre soit dit en passant) et la seule solution est de transformer la carcasse d'une baleine en radeau de sauvetage par le biais (tenez-vous bien) d'une batterie chargée et d'un sac en plastique, pendant qu'une taxidermiste se charge d'empailler le mammifère et qu'un braconnier ne pense qu'à tuer la bête... une seconde fois ! Les situations sont à couper le souffle, et ce tout au long des cinq heures nécessaires pour apercevoir le générique de fin. En plus d'un soin tout particulier accordé aux puzzles, nous pouvons lire dans les pensées de l'intégralité des protagonistes, tous aussi saugrenus les uns que les autres, et ce même s'ils n'ont aucun impact sur la progression. De quoi découvrir des histoires souvent hilarantes comme ce personnage persécuté par un lapin démoniaque, ou même l'abominable homme des neiges amoureux du gardien de sa cellule. Le scénario, les énigmes et même le travail sur les voix (le jeu est en version originale sous-titrée) sont extraordinaires et hissent ce titre au faible budget au sommet des productions indépendantes de ces dernières années.
A côté de ça, il en va de même pour les graphismes bourrés de charme qui donnent une grande liberté aux concepteurs qui passent d'environnements des années 60, à la science-fiction jusqu'à un niveau psychédélique sans jamais perdre l'attention du joueur. Malgré les apparences, tout n'est pas rose, à commencer par des imprécisions irritantes lorsqu'on veut lire dans les pensées d'un personnage précis alors que ce dernier fait partie d'un groupe. Plus agaçant encore, c'est la présence de gardes au comportement particulièrement agressif lors des phases de plateformes. Ray n'ayant pas la possibilité d'attaquer ses opposants, nous faisons face à un système d'infiltration très sommaire : il est donc question de rentrer dans l'esprit des gardes et seuls ceux livrant des vignettes de sommeil (à coller sur n'importe quel ennemi pour le faire dormir) ou un masque de Ray (également à attribuer à un opposant afin de détourner l'attention des gardes aux alentours) peuvent être neutralisés. Ceci dit, il est parfois difficile de les approcher sans qu'ils nous prennent en chasse à cause d'une caméra trop centrée sur le joueur. Pas d'inquiétude, dès lors que nous sommes pris, on réapparaît à l'un des nombreux checkpoints présents dans les niveaux non loin de là où nous avons échoué. Hormis ces quelques difficultés agaçantes, le soft ne vous posera guère de problèmes et c'est davantage votre capacité à identifier les doubles sens qui vous aidera à résoudre les puzzles.
Point completStick It To The Man! est la preuve que les studios aux plus petits budgets sont capables de piocher dans plusieurs genres classiques tout en soufflant sur eux un vent de modernité jubilatoire. Grâce à son scénario bien senti, à son humour omniprésent et à ses puzzles loufoques, ce titre est une réelle expérience sympathique qui vous fera décrocher un sourire béat au moment d'apercevoir le générique final. Reste que tout n'est pas parfait, à l'image de quelques imprécisions du gameplay et à des phases d'infiltration irritantes, vraisemblablement intégrées pour booster la durée de vie pourtant largement correcte de cette production. En revanche, comme beaucoup de productions indépendantes, la rejouabilité n'est pas au programme et il ne vous restera de ce Stick It To The Man! qu'un beau souvenir à faire partager autour de vous, une fois celui-ci bouclé...
On a adoré :
+ Un humour omniprésent
+ Un univers décalé
+ Enigmes des plus loufoques
+ Un scénario tip top
+ Rapport durée de vie/prix correct
+ L'énigme finale tordante
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On n'a pas aimé :
- Quelques imprécisions du gameplay
- Côté infiltration peu soigné
- Pas de rejouabilité
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