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XG Film Club - Zack Snyder Justice League

- Publiée le 11.04.2021, à 20:09
- Par Damien
XG Film Club - Zack Snyder Justice League

Il y a des films qui sont voués à marquer leur époque. Parfois c’est grâce à une prouesse de réalisation, parfois grâce à une performance d’acteur hors norme, parfois grâce aux conditions de production ou encore à cause de diverses polémiques. Zack Snyder’s Justice League coche à peu près toutes les cases. D’ailleurs l’histoire derrière la conception de ce film super héroïque n’a rien à envier à celle d’un comic book, il y est question de défis à relever, de drames, de défaites, de gens qui se rassemblent pour êtres plus forts, de résurrection, de retour en grâce et de victoire.

En 2017 sortait une première version de Justice League. Zack Snyder avait déjà finalisé une bonne partie du film quand il a décidé de tout quitter suite à un drame (le suicide de sa fille Autumn). La Warner, très déçue de la réception de Batman v Superman, avait sommé Snyder de faire un film moins sombre, plus drôle, afin de singer le MCU. Avec le décès de sa fille à gérer, n’ayant plus la force de se battre pour sa vision de la Justice League, le réalisateur avait tout plaqué la mort dans l’âme. La Warner a alors décidé de faire venir Joss Whedon, monsieur Avengers 1&2, afin de reprendre les rennes. Modifications sur le scénario, sur la réalisation, sur le ton, coupes gigantesques, reshoots en pagaille… Whedon suit le cahier des charges de la Warner et à l’arrivée, le résultat est un échec cuisant. Justice League se vautre. Les critiques le massacrent, les fans aussi. La Warner, frustrée, décide de ranger la licence au placard et annule tous les futurs projets liés à cette équipe mythique de héros.

2020. COVID, cinémas fermés. Rien ne va plus dans le milieu des blockbusters. Les studios ont des films sur les bras dont ils ne savent pas comment se débarrasser puisque les salles sont fermées. De plus, avec la pandémie, les services de SVOD ont plus que jamais le vent en poupe et les chiffres explosent. Netflix, le roi, se taille la part du lion avec ses Stranger Things, Umbrella Academy, Cobra Kai, etc. Disney + ? Le service affiche une croissance insolente et des dizaines de séries estampillées Star Wars ou Marvel commencent à débouler. Un peu à l’écart, dans son coin, HBO Max, la plateforme de SVOD de la Warner, fait grise mine. Pas encore implantée dans tous les pays, plus jeune que ses concurrentes, elle est à la traîne en nombre d’abonnés. Contrairement aux autres, il lui manque des produits d’appel forts, le film ou la série événement qui va faire le buzz et casser Internet.

Mais… et si ce fameux produit d’appel fort, qui leur manque tant, avait été sous leur nez depuis le début ? Depuis 2017 et la sortie du film Justice League, des fans militent. Pourquoi ? Pour ce qu’ils ont affectueusement appelé la Snyder Cut, la version originalement prévue par Zack Snyder pour son film, avant son départ et les modifications du studio et de Whedon. Au fil des ans, Snyder a abreuvé les fans d’images inédites, de concepts art, de révélations et ces fans en question se sont fédérés et transformés en une communauté massive et ultra active sur les réseaux sociaux notamment avec le très célèbre hashtag #ReleaseTheSnyderCut. Organisation d’une conférence (la Justice Con) qui fait plus d’audience qu’un gros événement officiel comme le Comic-Con, opérations de récoltes de dons pour des associations de prévention du suicide avec récupération de sommes record, etc., les fans de Snyder n’ont jamais lâché l’affaire. Soudain chez HBO Max, ça fait tilt. Imaginez le tableau : vous avez à votre disposition une version alternative d’un blockbuster super héroïque à très gros budget presque finalisée, une version qui ne coûtera pas à nouveau plusieurs centaines de millions à faire, une version que ne nécessitera pas de repayer de gros contrats aux acteurs. Snyder est alors invité à une réunion avec les grands pontes, on lui demande s'il veut sortir sa cut, comme ça, sans vraiment la terminer. Snyder dit non. On lui demande alors de quoi il aurait besoin pour la terminer. Quelque temps plus tard, la nouvelle tombe ! La Snyder Cut va sortir en exclusivité sur HBO Max et Snyder dispose d’une enveloppe de 70 millions de dollars pour finaliser le montage et terminer les effets spéciaux manquants. Quel a été l’argument massue de Snyder pour obtenir cette énorme somme ? Les fans ! Dans sa besace, pour la réunion, il avait avec lui un dossier. Dans ce dernier ? Des chiffres, des données, tous liés à l’impact des fans sur les réseaux sociaux, les médias, etc. Une preuve indiscutable de l’exceptionnelle demande du public envers cette version. Un dossier qui convaincra HBO Max de lui laisser une liberté totale sur la finalisation de sa Snyder Cut.

Et nous voici aujourd’hui, en mars 2021. Zack Snyder’s Justice League (ZSJL) est disponible partout dans le monde. Sur HBO Max sans surcoût pour les abonnés là où le service est disponible et à la vente sur tous les services de VOD partout ailleurs. Une sacrée histoire pour un film sans précédent ! Avec sa durée massive de 4 heures, son classement en film pour adulte et son format Imax (image proche du 4:3 et non pas du 16:9 ultra répandu), ZSJL est un ovni, quelque chose de jamais vu auparavant. La victoire d’un réalisateur et des centaines de milliers de gens qui l’ont soutenu sur la gestion calamiteuse d’un gros studio d’Hollywood. La Snyder Cut est là et c’est fabuleux… mais tout cela en valait-il la peine ? Le film de Zack Snyder a provoqué une attente démesurée chez beaucoup de monde, saura-t-il s’en montrer digne ? Alors que le ZD Signal déchire le ciel, j’enfile mon masque et ma cape de super critique, il est temps de rendre justice !

We live in a society where the 2017 Justice League is a distant memory…

Superman est mort. Afin de stopper le terrible Doomsday créé par les manigances de Lex Luthor, l’homme d’acier s’est sacrifié pour lui porter le coup fatal. Et tandis que l’humanité le pleure, un Bruce Wayne rongé par le remords parcourt le monde sans relâche. Son but ? Former une alliance, une équipe, en regroupant des individus aux capacités extraordinaires afin de contrer les prochaines menaces de cette envergure car il en est convaincu, une autre attaque est proche. Il a raison. En coulisse, le trépas de Superman a eu des conséquences bien plus dramatiques que prévu. Endormie depuis des millénaires, une ancienne technologie aussi effrayante que destructrice s’est réveillée en sentant la mort du plus puissant protecteur de la Terre. En s’éveillant, elle a envoyé un signal et il a été entendu. Venant d’un monde lointain, le puissant Steppenwolf débarque accompagné de toute une armée de créatures pour retrouver cette technologie, composée de trois artefacts nommés Mother Box, qui est vouée à transformer la planète en véritable enfer afin qu’il puisse l’offrir à son mystérieux maître. Bruce, aidé par Diana (aka Wonder Woman) arrivera-t-il à monter une équipe à temps ? Le monde peut-il être sauvé sans Superman ?

Ce que l’on pouvait craindre le plus avec cette Snyder Cut, c’est qu’elle ne soit qu’une version longue de l’échec de 2017. Juste quelques minutes de visionnage suffisent pour convaincre n’importe qui de censé que ce n’est pas le cas. Affichant une durée massive de 4 heures, le film de Zack Snyder est dense, très riche et surtout, il a le temps de faire respirer son histoire et ses personnages. La différence se sent immédiatement. Tout y est plus développé. Les ajouts de Whedon ayant tous été supprimés, il ne subsiste alors que le travail de Snyder. Le premier grand gagnant dans tout ça ? L’histoire. Le scénario de ZSJL est d’une rare cohérence, surtout pour un film de super-héros. Tout y est expliqué, justifié, logique. Il n’y a aucun trou, aucune facilité d’écriture, tout se tient de A à Z. Pourtant le fil rouge reste plus ou moins le même qu’en 2017, Steppenwolf cherche les Mother Boxes et il faut que Bruce arrive à monter une équipe pour l’en empêcher. Avec 4 heures au compteur, Snyder déroule un scénario travaillé et cohérent qui fait que la pantalonnade rushée de 2017 est presque instantanément oubliée. 4 heures qui au final passent très vite, bien aidées par un découpage en 7 parties remarquablement clair ainsi qu’un rythme savamment géré.

Deuxième bon point : le ton. On retrouve ce côté plus réaliste, cet aspect plus sombre propre à Man of Steel (MoS) et Batman v Superman (BvS) avec des personnages plus travaillés, des thématiques multiples et jamais laissées de côté, plus de violence et de noirceur. Il faut quand même noter que ZSJL est un film moins sombre que BvS, ce qui est normal. Nous sommes ici dans une optique de rassemblement et plus dans un versus. Ainsi quelques touches d’humour souvent réussies sont présentes ça et là, majoritairement via Flash, le jeune inexpérimenté de la bande, qui se retrouve presque comme un fan qui devrait bosser avec ses idoles. N’oublions pas non plus l’excellent duo Alfred/Bruce au sein duquel le majordome historique des Wayne est irrésistible quand il lâche quelques saillies bien senties à son maître. Pour être franc, dans le lot, quelques blagues tombent à plat mais rien de bien grave ou de gênant contrairement à la version de 2017 avec son Batman blagueur et ses gags nuls (Flash qui tombe la tête dans les seins de Wonder Woman).

Troisième bon point et non des moindres : le développement des personnages. Enfin, nous avons le droit à des personnages vraiment travaillés. On connaissait évidemment déjà Superman et Batman mais le travail sur les autres membres de la ligue est ici une vraie réussite. Les deux grands gagnants ? Cyborg et Flash. Cyborg a enfin droit à son origin story, on en apprend plus sur lui, sur comment il était avant de devenir ce qu’il est, sur sa famille, sur la raison de sa transformation. Ray Fisher, l’acteur qui joue ce rôle, a enfin des scènes marquantes à l’écran et arrive à retranscrire à la perfection les maux qui frappent cet être à la destinée tragique. Le personnage prend de l’épaisseur, émeut et gagne énormément en charisme. Pour Flash, le tir est corrigé par rapport à 2017. De petit blagueur insupportable, il passe au jeune héros inexpérimenté qui crève d’envie de bien faire. Oui, il reste un comic relief mais ici il apporte beaucoup de fraîcheur. Il est souvent comme une extension du spectateur. Il est très excité quand il découvre la Batcave, il tombe sous le charme de Wonder Woman et surtout il prend plus de responsabilités et s’affirme enfin comme un véritable super héros. Puisqu’on parlait de Wonder Woman, revenons sur elle pour dire une chose : WAOW ! Jamais le personnage n’a paru aussi badass. Que les déçus de Wonder Woman 84 (lire la critique) se rassurent, la Diana Prince de Snyder est féroce, extrêmement forte et dégage une présence incroyable. Elle sait aussi faire preuve d’empathie et de leadership quand il le faut, ce qui en fait un personnage vraiment complet ainsi qu’une héroïne accomplie. Son rôle est bien plus important qu’auparavant et parfois elle s’impose presque comme la meneuse de l’équipe. Sans aucun doute la meilleure performance de Gal Gadot dans ce rôle. Aquaman est lui aussi intéressant et bien différent de la version du film de James Wan. Très renfermé au départ, presque antipathique, on se rend compte au fur et à mesure que ce qui se passe, notamment avec Cyborg, a des répercussions sur lui. S’étant coupé des siens et du monde, comme Wonder Woman ou Batman, le fait de s’unir avec d’autres héros lui permet de renouer des liens, de fraterniser de nouveau et d’évoluer. Très stoïque, solitaire, Aquaman se veut bien moins insensible qu’il ne le laisse paraître. Comme l’ensemble des personnages, son évolution au cours du film est vraiment très plaisante à suivre.

Vient alors le tour des deux plus attendus. Bruce Wayne tient un rôle très important dans ZSJL. Il est celui qui prend l’initiative de former une équipe, il fournit le matériel et les renseignements, il prend les décisions importantes. Solitaire et renfrogné de BvS, il évolue ici énormément. Aller au contact d’autres héros, découvrir leurs histoires et assumer de nouvelles responsabilités, tout cela transforme ce Bruce pour en faire quelqu’un de plus ouvert et chez qui, enfin, l’espoir renaît. Un changement qui fait vraiment plaisir à voir, presque une rédemption. Et enfin, Superman. Autant être honnête, il est absent pendant une bonne partie du film, ce qui pourra décevoir certains fans mais en conséquence, son retour n’a que plus d’impact. Un retour bien plus réussi ici que dans la version 2017. On comprend mieux ce qui lui arrive, sa difficile résurrection et son retour à la normale grâce aux gens qu’il aime. En termes de puissance, le personnage reste toujours aussi incroyable et chaque scène dans laquelle il apparaît est un véritable régal, encore plus dans son sublime costume noir. Et que dire de son arrivée pendant le combat final, sans aucun doute possible l’une des plus badass jamais filmées ! Malgré son peu de temps à l’écran, il reste vraiment convaincant. Pour chipoter, deux remarques. On aurait aimé un peu plus de scènes concernant Clark Kent et surtout une nouvelle séquence de combat avec le Batfleck digne de celle de BvS quand il va sauver la mère de Superman. Deux petites déceptions qui n'entament pas la qualité du film déjà très généreux.

Les héros ressortent donc de cette Snyder Cut grandis mais n’oublions pas les bad guys. Steppenwolf, nul et fade dans la version de Whedon, retrouve ici des couleurs… ou plutôt un nouveau look. Il est imposant, son armure est une incroyable réussite visuelle et surtout, il a un peu plus de développement. On comprend pourquoi il fait ce qu’il fait, on devine des éléments de son passé et, un comble, on aurait presque un peu d’empathie envers lui. Et comment ne pas mentionner Darkseid, le plus grand méchant de l’univers DC. Porté par un rendu en CGI des plus convaincants, il est terrifiant. Malgré un faible temps de présence à l’écran, chacune de ses apparitions est marquante et on sent toute la menace qu’il représente. Bref par rapport au JL de 2017, c’est le jour et la nuit et pas uniquement à cause de tout ce dont on vient de parler.

Snyder Vision

Vous vous en doutez, on ne peut pas aborder un film de Zack Snyder sans parler de la réalisation. Nous en avions déjà pris plein les yeux avec Man of Steel et Batman v Superman, ici on se retrouve avec un Snyder en totale liberté et ça se sent. C’est simple, il se lâche et nous propose sans aucun doute l’un des films les plus impressionnants jamais faits, une sorte d’œuvre somme de tout son travail de réalisateur. Bien sûr il y a du MoS et du BvS dans cette cut mais on retrouve aussi, entre autres, le côté épique d’un 300, certaines fulgurances à la Sucker Punch et quelques pincées de Watchmen. Comme d’habitude avec Snyder, tout est léché, étudié, certains plans semblent avoir été préparés avec un souci du détail hors du commun. Que ce soit un vrai plan filmé, avec des décors, mettant en scène une simple discussion entre Lois et Martha ou un plan entièrement numérique montrant Superman s’envoler pour aller dans l’espace prendre la lumière du soleil, le nombre de scènes d’une beauté stupéfiante est incroyablement élevé. On aurait presque envie de faire pause régulièrement pour faire des captures et les transformer en fonds d’écran. Tout, dans ces 4 heures de film qui passent très vite, respire les comics. Le cadrage, la mise en scène, la photographie… hormis quelques rares passages en CGI un peu en dessous, ZSJL est une véritable réussite artistique. C’est beau, c’est sublime, c’est riche, c’est inspiré. Et que dire des scènes d’action, ultra impressionnantes et d’une lisibilité exemplaire, si ce n’est qu’elles donnent le tournis. Chaque combat est un régal à contempler. Rarement une équipe de super-héros n’aura paru aussi imposante, aussi forte, aussi puissante. Des quasi-dieux dans un monde d’hommes. Le point culminant reste l’assaut final absolument épique avec en ultime climax un combat dantesque dont la conclusion aussi ébouriffante visuellement que violente laissera le spectateur scotché à son écran. Ceux qui pensaient que les Avengers étaient une classe au-dessus à ce niveau là peuvent ranger leurs instruments, le bal est terminé.

Bien sûr, ceux qui n’aiment pas le style Snyder ne vont clairement pas changer d’avis avec ce film. Le réalisateur est, on le sait depuis longtemps, très friand de ralentis qu’il utilise ici presque jusqu’à l’overdose. Certains lui reprochent également de trop faire dans la symbolique et le plan de Superman, les bras écartés face au soleil, les fera tiquer mais en termes d’iconisation des héros, il n’y a pas meilleur que lui. Snyder aime ses personnages et ça se sent. Oui le ralenti sur Aquaman sur les quais, vidant une bouteille de whisky avant d’être englouti par de gigantesques vagues n’était pas nécessaire… mais qu’est-ce que c’est beau et fort visuellement. On sent que Snyder s’en donne à cœur joie pour le plus grand plaisir de ses fans. Et les autres ? Tant pis pour eux, ZSJL transpire le style Snyder à plein nez, le contraire aurait été étonnant et surtout décevant.

L’Odyssée DC

Parler de la vision de Snyder en parlant uniquement de la réalisation et de l’aspect super héroïque serait réducteur. Les films de ce dernier sont tout le temps riches, visuellement certes, mais également dans leurs thématiques. Bien évidemment, ZSJL ne fait pas exception à la règle. Plusieurs choses reviennent souvent pendant ces 4 heures : le sacrifice, le deuil, la reconstruction ou encore la filiation. Dit comme ça, ça peut paraître trop pesant mais ce n’est pas le cas car au bout il y a aussi souvent une touche d’espoir. Dans cette Snyder Cut, la mort de Superman est un poids, quelque chose qui plane au-dessus du monde, telle une chape de plomb. Bruce Wayne a des remords, Lois Lane n’arrive pas à tourner la page. Parfois une simple petite phrase est lourde de sens comme le « c’était mon héros tu sais... » de Flash alors que lui et Cyborg sont sur la tombe de Clark Kent. Dans cette Justice League tout le monde a subi des pertes, notamment en ce qui concerne les parents. Bruce Wayne évidemment mais également Cyborg ou Flash. Il y est beaucoup question de se reconstruire, d’avancer dans la vie. Comme le dit sarcastiquement Alfred à Bruce alors que ce dernier peine à rassembler son équipe : « peut-être que quelqu’un qui passe son temps à ruminer seul dans une grotte n’a pas l’étoffe d’un chef ». Chacun des personnages du film devra, à un moment ou à un autre, apprendre à se rouvrir au monde, à se délester d’une partie du poids de son passé. Entre le début et la fin de ZSJL, plus aucun protagoniste n’est pareil, tout le monde a évolué. Accepter le deuil, accepter les pertes, faire des choix sans pour autant se renfermer et surtout continuer à avancer… quand on sait le drame qu’a subi Zack Snyder pendant le tournage du film, tout cela résonne étrangement. D’ailleurs à la fin, avant même que les crédits ne commencent à défiler, la première chose que l’on peut lire sur l’écran est « For Autumn ». A bien des égards les épreuves que subissent les héros de la Justice League sont similaires à celles de tout un chacun, Snyder compris. Certains passages sont poignants notamment concernant Cyborg, être brisé ayant perdu sa mère et dont le père n’arrive pas à lui montrer sa fierté et son affection alors qu’il ne veut que le meilleur pour son fils. Voir le visage de ce père s’illuminer quand il voit Cyborg marcher aux côtés de Batman, Wonder Woman, etc., donne encore plus d’impact à l’ensemble de son histoire. En 4 heures, chaque personnage, en plus de gérer la crise super héroïque, devra aussi gérer ce qui le brise de l’intérieur. Voir un Bruce répondre à un Alfred « La foi, Alfred, la foi » avec un petit sourire en coin, quand ce dernier lui demande comment il est sûr que Superman reviendra, est l’une des preuves de l’évolution de Bruce.

Il est aussi beaucoup question de filiation, de transmission, comment faire pour qu’un enfant trouve sa voie. C’est émouvant de voir un Henry Allen incarcéré dire à son fils, Flash, « Tu restes bloqué, tu n’avances pas. Je ne veux être la chose qui te retient ». Ou encore de voir un Sylas Stone, père de Cyborg, qui, n’arrivant pas à dialoguer avec son fils, lui laisse un enregistrement vocal lourd de sens. Face à ces parents, des enfants qui doutent de leur valeur, qui se demandent constamment où est leur place et la cherchent désespérément. Quand on sait que c’est ce genre de questionnement qui rongeait Autumn Snyder, on sent bien à quel point tout ce film est important et personnel pour Zack Snyder et que l’hommage à la fin est on ne peut plus justifié. Des parents qui voient fièrement leurs enfants trouver leurs voies, des héros qui s’émancipent, des personnages solitaires qui se rouvrent au monde, une équipe qui née. ZSJL est souvent sombre, c’est vrai mais quand il est lumineux, il l’est avec une justesse et une clarté éblouissante.

ZSJL, avec ses personnages torturés qui se débattent face à des forces hors du commun, est plus que jamais une odyssée épique et même mythologique. En effet, pour ceux qui s’intéressent à la mythologie, le film a tout d’une gigantesque fresque avec ses héros faisant face à des épreuves et à des créatures incroyables. Des héros parfois maudits, parfois demi-dieux. Mis en valeur comme jamais, les membres de la Justice League sont les protagonistes d’un récit palpitant dans lequel toutes les émotions se côtoient. Horreur, drame, défaite, joie, amitié, victoire… tel Ulysse, nos héros, pour espérer retrouver leurs êtres chers, devront braver moult épreuves au cours d’un périple mémorable. Un aspect mythologique qui est à son paroxysme quand, dans le film, Snyder nous narre une ancienne bataille au cours de laquelle les hommes, les amazones, les atlantes et les anciens dieux se sont regroupés afin de repousser l’ennemi. Une séquence incroyable visuellement, sorte de mélange improbable entre Le Seigneur des Anneaux, un récit sur la mythologie grecque et une bataille finale de comics. Un mélange qui pourrait donner un résultat bancal facilement mais qui, entre les mains de Snyder, nous donne une scène absolument dantesque qui démarque encore plus ZSJL des autres films du genre. Et même quand il ne fait pas dans le très grand spectacle, Snyder arrive à nous scotcher à l’écran. La séquence au cours de laquelle on découvre l’étendu des pouvoirs de Flash quand il sauve une femme est magnifique. Le temps est figé et Flash manipule la personne avec une délicatesse extrême pour ne pas la blesser pendant que le chaos ambiant se tait. Bref nous n’allons pas décrire toutes les scènes du film mais visuellement, au niveau de ses thématiques, du développement de ses personnages, ZSJL est tout simplement une masterclass, un coup de maître dont seul Zack Snyder a le secret et rendu uniquement possible grâce à la lutte acharnée des fans, seulement quelques dizaines au début, qui ont su se rassembler et affronter un gros studio alors que tous les éléments semblaient liés contre eux… tels des hommes défiant des dieux tout puissants. Mythologique jusqu’au bout n’est-ce pas ?

Dithyrambe

Zack Snyder aime bien travailler avec les mêmes personnes. Pour la musique, on sait qu'il apprécie tout particulièrement Junkie XL avec qui il a déjà travaillé sur BvS. En 2017, la version Whedon de Justice League avait changé les musiques prévues par Snyder. La Warner avait fait appel à Danny Elfman, compositeur, entre autres, du thème culte du Batman de Tim Burton. Là aussi, la déception avait été de mise puisque Elfman avait livré une prestation sans génie, fade, fatiguée. Oubliez tout cela. Pour ZSJL, Junkie XL est de retour et ce n’est pas loin de 4 heures de musique qui nous sont fournies via l’OST du film ! Et là encore, la réussite est au rendez-vous. Les morceaux touchants s’enchaînent, de même que ceux qui sont épiques pour donner naissance à une véritable orgie auditive. L’impact des scènes en est infiniment renforcé. On retiendra tout particulièrement les variations autour du thème lié aux bad guys mais surtout celles autour du thème de Wonder Woman avec ces cœurs incroyables au début qui semblent transformer un simple morceau en véritable dithyrambe que n’aurait pas renié un dieu. Puisque nous venons d’aborder le son, un petit mot sur la VF qui fait vraiment le job. Les doubleurs sont crédibles, impliqués et à part une scène en particulier un peu en dessous (avec le Joker, moins bon en VF), c’est vraiment du bon travail même si la VO reste supérieure.

Restore The SnyderVerse !

Malgré toutes ses qualités, il y a pourtant un point sur lequel le film pourra frustrer : son potentiel pour des suites ainsi que toutes les portes qu’il laisse ouvertes. Car si ZSJL possède une vraie fin avec un long épilogue de 20 minutes extrêmement touchant, il faut se rappeler que c’est la vision de base que Snyder avait pour le film et que dans cette vision de base, ce Justice League n’était que le premier d’une trilogie. Par conséquent, beaucoup de choses sont teasées sans l’assurance qu’il y ait une suite. On pourrait citer Darkseid comme exemple. Le big bad est présenté brièvement et on sait que la confrontation entre lui et la ligue ne fait que commencer… mais en verra-t-on plus un jour ? Rien n’est moins sûr. Idem concernant une certaine vision fugace provoquée par une Mother Box qui met l’eau à la bouche concernant un hypothétique futur. Mais la plus grande frustration viendra assurément de la nouvelle séquence du Knightmare. Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit, ce sont des visions que Bruce Wayne a d’un futur apocalyptique dans lequel Darkseid a gagné. Nous avions déjà eu droit à une séquence très forte dans BvS, rebelote ici. Il s’agit d’ailleurs de la fameuse scène, non prévue au départ, que Snyder a ajouté. Toujours située dans ce futur apocalyptique, on peut enfin y voir le Batman de Ben Affleck se confronter au Joker de Jared Leto par le biais d’un face à face absolument magistral. Les sujets évoqués, les interprétations d’Affleck et Leto, la qualité de l’écriture du dialogue et ce qu’il implique… une séquence aussi réussie que frustrante. Réussie dans ce qu’elle propose, à savoir l’une des meilleures scènes Batman/Joker. Frustrante dans ce qu’elle promet… et que l’on ne verra probablement jamais. La prestation de Jared Leto est d’ailleurs bluffante tant il semble habité par son rôle. La gestuelle, le regard, l’intonation, il est le seul Joker à être à la fois aussi effrayant et malaisant. Quand on sait que Zack Snyder a rajouté ça in extremis et que les conditions de tournage n’étaient pas au top (Ben Affleck et Jared Leto n’ont pas pu tourner ensemble, merci la COVID et les emplois du temps chargés des deux acteurs), le résultat laisse rêveur. On imagine à peine ce que ça pourrait donner sur un film entier…

#RestoreTheSnyderVerse ! C’est le nouveau hashtag des fans qui sont déjà retournés batailler contre la Warner. Pourquoi ? Parce que malgré le succès incroyable de la Snyder Cut (pas encore de chiffres exacts mais les premiers retours sont extrêmement bons, sans parler des très bonnes critiques qu’a reçues le film), la Warner semble avoir déjà enterré tout projet de suite. L’espoir subsiste cependant grâce à HBO Max qui reste une entité indépendante de celle qui produit les films au cinéma et dont le big boss semble apprécier le travail de Snyder. Et franchement c’est compréhensible. Ce ZSJL est tellement bon, il dévoile tellement de pistes alléchantes pour de potentielles suites qu’il serait criminel d’envoyer balader tout ça maintenant. Est-ce que l’on se retrouvera ici dans quelques années pour une nouvelle critique, celle d’un Justice League 2 par Snyder ? On ne peut que le souhaiter. En attendant, croisons les doigts et profitons de ce que l’on a maintenant, à savoir l’un des plus grands films de super héros !


Avis personnel

Enfin ! Oui, ça y est on l’a ! On a un film Justice League digne de ce nom ! J’ai calculé, ça fera bientôt 30 ans que je lis des comics. Quand j’étais enfant, je rêvais de voir un jour sur un écran un film X-Men, un film Justice League, un film Avengers. Puis le temps a passé et progressivement certains rêves de gosse sont devenus réalité. J’ai pu voir des films X-Men et des films Avengers… mais la Justice League manquait cruellement à l’appel. La version de 2017 avait été un véritable crève-cœur pour moi, encore plus en tant que fan de Snyder ayant adoré Man of Steel et Batman v Superman. Aujourd’hui, avec ce Zack Snyder’s Justice League, cette immense déception est effacée. Cette Snyder Cut est LE film de super-héros DC que j’ai toujours rêvé de voir et en plus il est hors norme. 4 heures de pure orgie visuelle snyderienne avec une bande-son incroyable, un scénario cohérent, des personnages développés et un ton qui a su conserver un bonne part de noirceur et de sérieux tout en proposant quelques touches d’humour et de légèreté. Le mélange est parfait. Quoiqu'il se passe à l’avenir, qu’il y ait des suites ou pas, je reste quand même extrêmement satisfait d’avoir pu regarder cette version made in Snyder. J’avais dit que BvS avec sa noirceur sans concession n’aurait jamais d’équivalent. Ce sera également le cas de ZSJL, jamais nous n'aurons un autre film de super-héros aussi massif et riche. Et c’est pour ça que la Warner ne doit pas tout saccager pour faire des copies du MCU. Disney ayant récupéré les X-Men, le Snyderverse est le dernier espoir de voir quelque chose de vraiment différent dans le domaine des films de super-héros car quand on voit les plans prévus par la Warner, il n’y a pas de quoi se réjouir… à part pour le Batman de Matt Reeves. En tout cas, grâce à une trilogie certes controversée mais ultra marquante, Zack Snyder aura su poser son empreinte sur le monde des comics et pour longtemps.



On a aimé

On n’a pas aimé

Visuellement incroyable, Zack Snyder se lâche à la réal’
Les musiques de Junkie XL
Un scénario ultra cohérent
Le développement des personnages est une pure réussite
Les 4 heures passent très vite
Tellement de scène incroyablement marquantes
Le climax final
Le Sniderverse qui s’étend encore
En tout point supérieur à la version de 2017 qu’il fait définitivement oublier
Le Knightmare
Plein de thématiques intéressantes abordées
Quelques rares passages en CGI un peu en dessous
Un film pour les fans avant tout, ce qui pourra en laisser quelques-uns sur le carreau, notamment s' ils n’aiment pas Snyder et son travail


Le verdict de Damien / Damzema // Magnum Opus
Zack Snyder’s Justice League est-il le meilleur film de Zack Snyder ? La question se pose sérieusement tant ce monstre de 4 heures semble être une œuvre-somme de tout ce qu’a fait le réalisateur avant. C’est d’ailleurs sûrement son film le plus personnel quand on regarde les thématiques abordées. En tout cas, ce qui est sûr c’est que c’est un des meilleurs films de super héros jamais réalisés. Zack Snyder nous livre ici une fresque grandiose, épique, touchante, une œuvre absolument incomparable. Avec les mains totalement libres, il nous offre également un film à la réalisation spectaculaire, avec des scènes d’une beauté peu commune et des batailles absolument dantesques et inoubliables, le tout porté par l’OST d’un Junkie XL au sommet de son art. On retiendra également, malgré quelques rares ratés, les effets spéciaux qui sont clairement au niveau et impressionnants.

Riche, dense, le film aborde moult sujets dont le deuil et le lien parent/enfant avec justesse (sans oublier d’y apporter une touche d’espoir) et se pose comme un modèle du genre en termes de développement de personnages. Personne n’est oublié, tout le monde à son heure de gloire, tout le monde évolue et change pendant ces 4 heures qui au final passent bien vite. Tantôt faiseur de rêves via des plans sublimes, tantôt architecte d’un futur sans espoir, aussi apocalyptique que fascinant, Snyder s’en donne à cœur joie dans ce film ultra généreux, véritable cadeau de luxe pour les fans. Œuvre majeure du cinéma super héroïque, nul doute qu’on reparlera de Zack Snyder’s Justice League pendant des années. De ce qu’il est, de ce qu’il montre, de sa conception sans précédent. Zack Snyder semble plus que jamais être à l’image de son Superman, critiqué par les uns, adulé par les autres, même quand on le croit mort, il revient… au firmament. « They will join you in the sun », les mots du père de Superman à son fils. A vous de voir si vous voulez rejoindre Zack Snyder et ses fans en regardant le film… mais sachez qui si vous ne le faites pas, vous passerez à côté d’un chef d’œuvre du genre, tellement unique et à part que l’on ne reverra probablement jamais rien de tel.


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