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Avis - Aux Origines du Seigneur des Anneaux

- Publiée le 21.09.2022, à 16:37
- Par Vincent P.
Avis - Aux Origines du Seigneur des Anneaux

Que l’on apprécie la littérature, le cinéma, les séries, les jeux vidéo ou même les jeux de plateau, sans même parler de tous les produits dérivés qui existent, il est bien difficile à l’heure actuelle de trouver des personnes qui ne connaissent pas, ne serait-ce que de nom, la licence Le Seigneur des Anneaux. Œuvre culte parue entre 1954 et 1955, qui faisait suite au roman Le Hobbit paru en 1937, Le Seigneur des Anneaux est un roman signé J. R. R. Tolkien divisé en trois volumes de deux livres qui a marqué l’univers de la fantasy. Avec le récent lancement de la série Le Pouvoir de l’Anneau sur Amazon Prime, Third Editions propose un ouvrage de 264 pages au format 160 x 240 mm, écrit de la plume de Vivien Lejeune, pour revenir sur les origines de cette fantastique saga. L’éditeur nous ayant fourni un exemplaire de cet ouvrage Aux Origines du Seigneur des Anneaux – De Tolkien à Jackson, il est l’heure pour nous de vous rendre notre verdict. C’est parti pour un petit voyage en terres plus ou moins connues…

Contexte
Pour l’appréciation d’une critique, votre serviteur pense qu’il est bon de définir le contexte au moment de la découverte de l’œuvre, ce qui permettra à tout un chacun de moduler l’avis en fonction de son propre contexte. Ainsi, en tout sincérité, je n’ai pas lu les romans du Seigneur des Anneaux. Etant un fidèle réfractaire à la lecture classique, lui préférant les bulles et les images des BD, comics et autres mangas, j’ai découvert Le Seigneur des Anneaux au cinéma lors de la sortie du premier film. Avec mes parents, séduit par La Communauté de l’Anneau, nous avions poursuivi notre aventure en Terre du Milieu en allant voir Les Deux Tours et Le Retour du Roi. C’est donc par le prisme de la vision insufflée par Peter Jackson que je me suis initié à l’univers, avant de poursuivre son exploration avec les films Le Hobbit et les jeux vidéo adaptant l’univers. Cette précision me semble importante parce qu’il est évident que toute la première partie du livre de Vivien Lejeune a été bien plus instructive pour moi qu’elle ne pourrait l’être pour un fan connaissant déjà une bonne partie de la biographie de J. R. R. Tolkien.

L’œuvre d’une vie qui bouscule celle de millions d’autres
En France, pour parler du Seigneur des Anneaux, il semble évidemment après la lecture de l’avant-propos que Vivien Lejeune semblait être l’une des personnes les plus légitimes pour écrire un tel ouvrage. Plongé dans l’univers à l’âge de 13 ou 14 ans (de ses souvenirs, ce n’est pas moi qui ne me rappelle plus), il a plongé dans la fantasy par cette porte et ça l’a guidé sur un chemin qui l’a amené à devenir journaliste-pigiste pour le magazine Dreams, avant de devenir rédacteur en chef de ce dernier après son changement de nom en CinéFonia en 2003. Si je parle de cela, c’est surtout pour vous indiquer qu’il a pu assurer le suivi musical de toute la trilogie de Peter Jackson en interviewant au moins deux fois par an le compositeur Howard Shore (auquel il consacre une quinzaine de pages dans le dernier chapitre de la deuxième partie). Autant dire qu’il était déjà bien placé pour préparer, ne serait-ce que dans son esprit, l’ouvrage que j’ai actuellement entre les mains.

Dans son édition standard, le livre attise la curiosité en montrant une couverture rigide dont le visuel est signé Anato Finnstark. On y voit notre cher Gandalf, avec ses habits gris, faire face à un Hobbit jovial (Bilbon Sacquet) attirant la lumière, aux mains positionnées en signe d’ouverture… L’éclairage est tel que l’aspect enfantin de l’histoire du Hobbit transpose ainsi par le jeu des lumières, en opposition à l’aspect bien plus sombre d’un Gandalf de dos qui marque la teneur plus mature de l’œuvre du Seigneur des Anneaux. La posture de Bilbon vise également à inviter le lecteur au sein de l’ouvrage, en plus d’accueillir Gandalf au sein de sa maison pour une fête inattendue ou une réception depuis longtemps attendue... Peut-être est-ce mon esprit qui divague mais c’est en tout cas les messages que j’y vois.

Vivien Lejeune avait plusieurs angles d’attaque possibles pour présenter l’œuvre du Seigneur des Anneaux. Plutôt que d’opter pour l’analyse et le décryptage de l’univers, point par point, il a préféré prendre le parti de se concentrer avant tout sur l’aspect humain. C’est donc pour cette raison qu’il nous amène à ses côtés pour nous raconter avec passion les origines des livres du Seigneur des Anneaux dans une première partie dédiée à Tolkien et celles des films dans une deuxième partie majoritairement centrée sur les adaptations de Peter Jackson. A l’image d’un volume de l’œuvre divisé originellement en deux livres, nous avons ici un livre divisé distinctement en deux parties auxquelles, tout en faisant écho au modèle de Tolkien, il ajoute des appendices pour nous permettre d’en apprendre plus (sur les enfants Tolkien et sur les jeux de plateau dans un premier temps, sur la subtilité de la traduction et sur les jeux vidéo dans un second temps).

On aurait donc pu commencer avec la naissance et la jeunesse de John Ronald Reuel Tolkien mais il n’en est rien. Même si Tolkien s’est toujours refusé à voir en ses œuvres une quelconque analogie avec sa vie, l’auteur a fait le choix de parler dans le premier chapitre de la Première Guerre mondiale, introduisant ainsi l’homme de 24 ans que Tolkien était. Il y présente les horreurs de la guerre, ce théâtre qui même inconsciemment marque une vie à jamais. Dès ce moment, et à d’autres reprises, Vivien Lejeune place des parallèles pour montrer certaines influences qui ont pu orienter le développement de la Terre du Milieu, même si encore une fois Tolkien se refusait à y voir une analogie avec cette époque ou avec son contexte socio-culturel. Pourtant, à diverses reprises, il arrive à souligner quelques éléments de sa culture qui, parfois très subtilement, ont pu se glisser dans l’œuvre ou expliquer certains points, comme la notion de mort à mettre en corrélation avec ses croyances.

Dès le deuxième chapitre, l’auteur renoue avec une narration plus chronologique pour brosser un portrait complet de Tolkien, de sa naissance à son décès, en passant par toutes les rencontres qui ont pu influer sur le développement du Seigneur des Anneaux, bien sûr, mais également sur Le Hobbit, Le Silmarillion et toutes autres œuvres qu’il a produites et qui ont un rapport avec la Terre du Milieu. On y (re)découvre ainsi comment des histoires écrites pour ses enfants ont pu devenir le « monstre » de la fantaisie que nous connaissons aujourd’hui, comment sa relation avec C.S. Lewis a impacté l’œuvre, comment sa mère, à la base, lui a donné l’amour des mots et des langues. Bref, il est inutile de résumer tout ce que l’auteur s’évertue à détailler avec précisions, avec bon nombre de références, notamment aux recueils sur sa vie, comme The Letters of J.R.R. Tolkien regroupant ses correspondances.

On y apprend également beaucoup sur ses inspirations premières, dont la Suisse, ou encore sur la transmission de l’œuvre, avec des enfants qui voulaient s’en détacher et d’autres qui ont poursuivi l’œuvre de leur père, dont Christopher qui est passé de l’état d’auditeur le plus assidu à éditeur (pour l’ensemble des ouvrages publiés après 1973), en passant par la case coauteur avec son père. Bien entendu, au-delà des relations humaines, Vivien Lejeune ne manque pas d’analyser certains pans des livres du Seigneur des Anneaux, de faire des parallèles avec les autres œuvres menant en Terre du Milieu, de montrer le processus d’écriture de Tolkien, comme avec ses personnages dont il pouvait changer les noms, voire faire évoluer jusqu’à ce que l’un d’eux puisse s’imposer de lui-même sans finalement jamais savoir comment il a été originellement créé. C’est forcément fascinant et cela pousse à vouloir se (re)plonger dans les romans, d’autant plus que le passage lié aux traductions devrait inciter ceux qui ont découvert les romans avec la traduction de Francis Ledoux à s’intéresser à celle de Daniel Lauzon annoncée comme plus fidèle à la langue originelle. Et quand on sait les qualités de linguiste de Tolkien, on se dit que cela mérite bien une nouvelle lecture.

Le Jackson show !
Vient alors la deuxième partie, celle consacrée à Peter Jackson, mais pas que. En effet, avant d'aborder les adaptations cinématographiques que nous connaissons, Vivien Lejeune parle de l'adaptation non officielle diffusée sur SVT1 et du projet porté par Ralph Bakshi. C'est l'occasion de montrer à quel point réaliser une adaptation d'une œuvre, en plus souvent considérée comme inadaptable, est un long chemin de croix fait de persévérance et de rencontres opportunes. Entre les producteurs qui n'y connaissent parfois rien et qui visent à imposer leur vision à des réalisateurs qui veulent porter un projet, et les contraintes (temps, budgets, effets spéciaux, etc.) qui se rajoutent à la formule, il y avait bien de quoi penser que l'univers du Seigneur des Anneaux pourrait finalement ne jamais être adapté, à l'image du projet avorté des Beatles. Mais Bakshi a réussi à proposer un film d'animation, développant sa propre vision et posant des fondations même si l’œuvre est restée inachevée. Les pages qui lui sont dédiées permettent de montrer tous les obstacles qui ont pu se dresser sur la route du réalisateur.

Si le chapitre s'étale un peu plus sur l'auteur, c'est aussi pour mettre en place un parallèle avec le vécu de Peter Jackson et les obstacles qu'il a pu lui-même rencontrer, dont la question des droits d'adaptation, avant de pouvoir concevoir ses trois longs métrages, qui auraient pu n'en être qu'un ou deux selon les personnes qui allaient investir. L'auteur revient donc sur le jeune réalisateur qu'est Peter Jackson, sur ses projets avant Le Seigneur des Anneaux pour dépeindre le profil de ce dernier... et présenter sa collaboration avec Fran Walsh. Par la suite, il parle du tournage et décortique diverses réflexions qui ont été faites durant tout le processus de conception des films. Les coupes, les messages à montrer à l'écran, les raccourcis, tout cela en opposition aux volontés de respecter le matériau d'origine, on arrive à mieux toucher du doigt les enjeux derrière cette adaptation mais également tous les défis que Peter Jackson a dû relever, avec brio de surcroît. Puis on suit le tournage, avec des analyses sur les films, sur les processus qui ont permis une telle alchimie à l'écran, avant de terminer, comme nous l'avons dit plus haut, par un chapitre entier sur la bande-son et des appendices sur les subtilités de la traduction et sur les jeux vidéo adaptant l'univers.

Là encore, même en connaissant les films et en ayant vu les bonus, on arrive à tirer des informations qui enrichissent nos connaissances. Vivien Lejeune a en prime une plume élégante, qui sait aussi bien manier avec précision les informations purement factuelles que donner quelques envolées plus poétiques à ses analyses. Evitant d'user et abuser d'effets de manche, il offre un livre finalement assez condensé par rapport à la densité des informations données. Qui plus est, présenter l'ensemble des œuvres, de leur création, de leur développement, par le prisme de l'humain, des créateurs, permet de donner un aspect beaucoup plus intimiste au lecteur. Nous avons l'impression de nous tenir aux côtés de l'auteur, nous laissant bercer par ce qu'il nous conte au creux de l'oreille, visualisant dans un premier temps ce Tolkien avec lequel on évolue, puis ce fougueux Peter Jackson qui s’attelle à adapter un univers que seul lui pouvait adapter.

L’avis perso de Vincent / Oni // Un beau livre de chevet !
Vivien Lejeune est à mes yeux un auteur aux qualités indéniables, à l'écriture précise, dynamique et fluide. Avec son passif, il était clairement légitime pour s'atteler à un ouvrage aussi condensé (seulement 264 pages en définitive), et pourtant dense au niveau de son contenu. Il nous fait voyager en Terre du Milieu, nous invitant à côtoyer l'immanquable J.R.R. Tolkien et le prodigieux Peter Jackson, mais pas que, le tout en développant le suivi en mettant l'humain au cœur du récit. Il aurait pu se contenter d'analyses plus ou moins poussées sur les œuvres mais il a préféré leur donner vie parallèlement aux vécus des créateurs. Cela permet de mieux comprendre l'ensemble des enjeux, les difficultés traversées, les inspirations, bref, tout ce qui est extérieur et qui a permis de façonner d'une façon ou d'une autre Le Seigneur des Anneaux, que ce soit à l'écrit ou au cinéma. Même si nous avons pu constater un petit mot qui manque et une faute d'accord, le reste est vraiment propre, bien aéré. La fluidité du style aide en plus à digérer l'ensemble des informations assez facilement, alors que celles-ci sont fort nombreuses. Bien entendu, en fonction de votre degré de fan attitude, certains éléments ne seront que des révisions mais il faut bien reconnaître que cet ouvrage Aux Origines du Seigneur des Anneaux – De Tolkien à Jackson est un merveilleux ouvrage qui, au-delà de nous faire voyager en Terre du Milieu, nous permet de nous rendre aussi bien en Angleterre qu'en Nouvelle-Zélande en plus de la psyché des créateurs et autres acteurs qui ont participé à faire de la saga ce que nous en connaissons désormais.

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